Les marchés émergents perdent leur attrait

22 février 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Depuis le début de l’année, les investisseurs institutionnels se retirent de plus en plus des marchés émergents au profit de l’Europe et du Japon, rapporte le quotidien The Globe and Mail.

En effet, ils manifestent une inquiétude croissante vis-à-vis de l’inflation, des possibilités de bulles immobilières et des troubles sociopolitiques qui menacent de faire dérailler la croissance économique qu’on observe dans ces coins du monde. La cherté des actions serait aussi mise en cause.

Un analyste de Wall Street a calculé que les investisseurs ont vendu pour 5,4 milliards de dollars US d’actions et d’obligations «émergentes» durant la seule deuxième semaine de février 2011. Il s’agissait de la quatrième semaine consécutive où l’on liquidait ses positions dans ces types d’actifs. Du côté des fonds d’obligations, la vente massive de parts a été équivalente à celle qui a prévalu lors de la crise économique de 2008.

Dans un rapport à ses clients, le courtier RBC Dominion Valeurs mobilières prévient que les marchés émergents (Chine, Brésil et Inde, notamment) ne présentent plus un attrait intéressant à court terme. Certes, les perspectives à long terme demeurent encourageantes, mais les rendements annuels de 9,3 % qu’on a enregistrés durant la décennie 2000-2010 semblent bel et bien des choses du passé.

En entrevue au Globe and Mail, Richard Cookson a indiqué que la prime à payer pour accéder aux actions des marchés émergents n’en vaut plus le coût. «Les évaluations sont très élevées. Les Bourses au Brésil et en Chine n’ont rien fait qui vaille l’an dernier», a indiqué ce stratège à la firme Citi Private Bank, à Londres.

Il souligne que les actions japonaises et européennes, particulièrement celles des entreprises françaises, présentent un potentiel beaucoup plus prometteur. Le choix du Japon apparaît comme audacieux. En effet, le pays du Soleil levant accuse une démographie contraignante et une déflation galopante, en plus d’être criblé de dettes. Richard Cookson ne s’en formalise pas : «Tout cela est déjà intégré dans le cours des actions japonaises», fait-il valoir. Il dit que les titres de nombreuses sociétés nippones se négocient «près de leur valeur comptable». Pour un investisseur de style valeur, voilà une belle occasion de prendre position au moment où la plupart des observateurs boudent les placements au Japon.

Pour ce qui est de la France, Richard Cookson constate que la crise de l’euro a fait reculer les cours boursiers à un niveau intéressant. La faiblesse relative de l’euro a bénéficié aux économies française et allemande, en stimulant leurs exportations. Ici aussi, il note que les investisseurs ne songent pas d’emblée à la France. «La raison est simple : ce n’est pas une histoire sexy. Mais ça ne veut pas dire que ce ne soit pas rentable», illustre-t-il.

Les investisseurs ne devraient pas se laisser hypnotiser par la croissance économique des pays émergents, conseille Richard Cookson. Spectaculaires à première vue, les données masquent souvent des éléments trompeurs, comme l’incertitude politique. De plus, il ne faut pas oublier cette règle d’or qui dit que, dans les pays en développement, la croissance économique ne marche pas toujours main dans la main avec la performance boursière, conclut l’expert.