Les petits cabinets doivent rester

Par Gino Savard | 4 janvier 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’acquisition de CMA par le Groupe Horizons, en juin dernier, et celle de BBA par IA, plus récemment, marquaient pour une énième fois la disparition de petits cabinets indépendants. La valse des acquisitions, au fil des ans, n’a jamais ralenti, tant et si bien que les quelques joueurs qui ont résisté à la tendance font aujourd’hui figure d’exceptions. Et ce constat n’a rien de rassurant.

Alors qu’il existait probablement une cinquantaine de joueurs en assurance au milieu des années 1980 au Québec, il est inquiétant de constater qu’il n’en reste aujourd’hui qu’une quinzaine. Quant aux cabinets multidisciplinaires indépendants, qui offrent des services en assurance et en investissement, ils ne sont plus qu’une poignée.

Pour les conseillers québécois, ce triste portrait signifie que l’offre de cabinets est de moins en moins diversifiée… et que la marge de manœuvre fond indéniablement comme neige au soleil.

Un frein à l’indépendance et à la liberté

Outre le fait que de petites PME québécoises disparaissent du paysage, ce qui est inquiétant pour l’avenir économique, c’est que la concentration des cabinets ne se fait pas sans conséquences pour les conseillers en services financiers.

Les nombreuses acquisitions réalisées par des compagnies d’assurance ou des compagnies de fonds modifient inévitablement leur travail. Difficile d’imaginer que les conseillers qui travaillent au sein de ces structures n’ont pas de quotas à respecter ou qu’on ne leur suggère pas fortement de vendre des produits « maison ».

En perdant progressivement une liberté de choix, ces derniers limitent l’offre adressée aux clients, qui se retrouvent les premiers perdants. La concentration des cabinets n’augure rien de bon, ni pour les conseillers ni pour la population!

Une résistance nécessaire

Même si les acquisitions touchent toutes les sphères de notre société, il est encore possible et même souhaitable de résister à cette tendance au nom d’une liberté professionnelle et d’une diversité de services qu’il faut tenter de préserver. De nombreux propriétaires de petits cabinets indépendants vendent par manque de relève ou perdent espoir face aux géants qui ont pris possession de notre secteur d’activité. Ceux qui subsistent aujourd’hui doivent faire preuve d’audace et d’imagination pour trouver les moyens de tirer leur épingle du jeu dans ce nouveau paysage.

Pour ne rien arranger à la situation, les coups durs portés à l’industrie ces dernières années ont été plus difficiles à encaisser par les petits cabinets que par les plus grandes structures. Leur rentabilité a été particulièrement affectée par la nouvelle législation qui les range au même niveau que les institutions financières sur le plan fiscal.

Pour conserver les petits cabinets et rétablir un certain équilibre entre les géants et eux, il serait souhaitable que le gouvernement et l’Autorité des marchés financiers reconnaissent l’importance du maintien de plateformes de conseil indépendant.

Cette reconnaissance favoriserait la pérennité d’un modèle qui mérite sa place. Les cabinets de conseillers représentants, tout comme les cabinets gestionnaires, demeurent sans contredit un moteur de développement économique important, et ce, dans toute la province.

De précieux joueurs

Preuve que les petits cabinets ont besoin de rester en place, la demande pour des services indépendants est de plus en plus forte au sein de la population. Malheureusement, la situation actuelle et les réglementations en vigueur ne permettent plus de créer des cabinets multidisciplinaires. La complexité des règlements et la pression financière sont trop fortes pour envisager de se lancer dans une telle aventure.

Seuls les acteurs déjà présents peuvent assurer l’avenir d’un modèle qui mérite d’être préservé pour assurer une saine diversité dans un monde en constant changement.

Gino Savard

Gino Savard

Gino-Sébastian Savard est président et associé de MICA Cabinets de services financiers, un agent général de deuxième génération établi à Québec depuis 30 ans et fort d’un réseau de plus de 185 représentants partout en province. Bachelier de l’Université Laval, avec en poche un certificat en planification financière et le titre d’assureur vie agréé, il a su développer en 25 ans de carrière une expertise enviable en assurance dans le secteur corporatif et le développement de marchés avancés. Fervent défenseur de la profession de conseiller, il est engagé de façon importante dans l’industrie pour qu’elle soit reconnue comme un service essentiel à la population. Franc, objectif et accessible, M. Savard est souvent invité à titre de panéliste et sollicité pour ses propos pertinents dans divers médias spécialisés.