Les taux d’intérêt seront plus faibles qu’avant la crise

Par La rédaction | 28 avril 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le gouverneur de la Banque du Canada (BdC) a prévenu mardi les gestionnaires de régimes de retraite qu’ils allaient devoir s’habituer à ce que les taux d’intérêt neutres soient dorénavant plus bas qu’avant la crise financière, rapporte La Presse canadienne.

À l’occasion d’un discours qu’il prononçait devant l’Association canadienne du commerce des valeurs mobilières et la Securities Industry and Financial Markets Association, Stephen Poloz a déclaré que même si le sort des taux neutres demeurait incertain, il était quasiment sûr qu’ils seraient plus faibles que les observateurs ne l’avaient prévu.

Le patron de la banque centrale a notamment expliqué ce recul par la détérioration des perspectives pour le potentiel de la croissance économique mondiale à long terme, qui ont été révisées à 3,2 %, comparativement à 4 % précédemment.

« LES GESTIONNAIRES DOIVENT S’ADAPTER »

« Cette révision à la baisse signifie que le taux d’intérêt neutre sera certainement plus faible, et ce, pour une très longue période », a-t-il affirmé, ajoutant qu’il pourrait reculer encore davantage si les vents contraires économiques devaient se poursuivre. « Ceux qui œuvrent au sein des régimes de retraite doivent s’y habituer. Ils doivent s’adapter », a-t-il insisté.

Depuis la crise financière de 2008, les régimes de retraite ont dû jongler avec l’incertitude des marchés, la faible croissance et des taux d’intérêt à des creux records, rappelle La Presse canadienne.

Ces régimes utilisent les taux d’intérêt à long terme pour calculer leurs engagements. Plus les taux sont faibles, plus les régimes ont besoin d’argent pour s’assurer d’être capables de verser leurs prestations futures.

LA VIGUEUR DES TAUX NEUTRES APPARTIENT AU PASSÉ

Dans un rapport publié en décembre dernier, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) affirmait que les conditions « suscitent des doutes quant à la capacité des régimes à cotisations définies et des systèmes de versement de rentes à fournir des pensions d’un niveau approprié ».

Pour protéger l’économie canadienne des chocs liés au plongeon du prix des ressources naturelles, Stephen Poloz a réduit le taux d’intérêt directeur de la BdC à deux reprises l’an dernier, pour le ramener à 0,5 %, ce qui n’est que légèrement supérieur à son creux historique de 0,25 %.

Il a relié la vigueur passée des taux neutres au baby-boom, qu’il a décrit comme une période de 50 ans de plus forte participation à la population active, et à une plus forte croissance. « Eh bien, c’est derrière nous », a-t-il laissé tomber.

PAS DE RENDEMENTS

« Nous n’avons pas les chiffres pour tout cela, a-t-il poursuivi, mais il faudra effectuer des tests à partir de divers scénarios pour les régimes de retraite et pour les besoins des clients, parce que les rendements ne seront tout simplement pas là. »

Toutefois, le dirigeant a également laissé entendre qu’il était toujours possible que les vents contraires actuels se convertissent en forces positives, ce qui ferait alors remonter les taux d’intérêt à des « niveaux plus normaux », du même ordre que ceux d’avant la crise.

Enfin, il a déclaré qu’il ne fallait pas s’attendre à voir un retour de « la croissance rapide du commerce qui s’est maintenue pendant les 20 années précédant la crise ».

La Fed conserve ses taux d’intérêt inchangés

La Réserve fédérale des États-Unis a indiqué hier qu’elle laissait ses principaux taux d’intérêt inchangés, sans évoquer d’échéancier en vue d’une éventuelle hausse.

À l’issue de sa réunion, son comité de politique monétaire a maintenu l’objectif du taux des fonds fédéraux dans une fourchette de 0,25 % à 0,50 %, niveau auquel il se trouve depuis décembre dernier après son premier relèvement depuis 10 ans.

CONFIANCE DANS L’ÉCONOMIE

Les responsables de la banque centrale ont noté que le marché de l’emploi aux États-Unis profitait de solides gains, malgré un ralentissement de la croissance économique. Ils ont aussi dit s’attendre à ce que l’inflation se rapproche de sa cible de 2 %, après avoir longtemps traîné à de plus faibles niveaux.

Mais dans un contexte où plusieurs grandes économies, notamment celles de la Chine et de l’Europe, éprouvent des difficultés et pourraient potentiellement nuire à la croissance américaine, la Fed a préféré le statu quo.

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