L’immobilier inabordable pour les jeunes

Par Ronald McKenzie | 13 septembre 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le marché immobilier est à l’honneur dans les médias ces jours-ci. Ainsi, le nouveau rôle d’évaluation pour la Ville de Montréal défraie la manchette. Il faut dire que la hausse de plus de 20 % de la valeur des propriétés au cours des trois dernières années a de quoi faire sursauter les propriétaires, qui appréhendent de fortes augmentations de taxes foncières.

En même temps que le dépôt du nouveau rôle d’évaluation pour Montréal, Statistique Canada publiait mercredi les résultats de son enquête nationale 2011 auprès des ménages de 2011. Pour ce qui est de l’accession à la propriété et des coûts d’habitation au pays, l’agence fédérale note que plus du quart (25,2 %) des familles recensées consacraient 30 % ou plus de leur revenu total aux coûts d’habitation. On parle ici de 3,3 millions de ménages à l’échelle du pays.

Au Québec, c’est dans les régions métropolitaines de Montréal, de Gatineau et de Sherbrooke que la situation s’est le plus détériorée.

Ce seuil de 30 % est défini par la Société canadienne d’hypothèques et de logement comme étant celui qu’il faut utiliser afin de mesurer l’« abordabilité » du logement.

Chez les jeunes de 24 ans ou moins, Statistique Canada constate que près de la moitié d’entre eux (49,7 %) consacrent 30 % de leur revenu total pour se loger. Évidemment, la situation s’améliore avec l’âge et les revenus.

Les ménages dont les coûts d’habitation dépassaient le seuil d’abordabilité déboursaient en moyenne 1259 $ par mois, montant qui dépasse le seuil de 30 % de leur revenu total du ménage de 510 $ en moyenne par mois.

Statistique Canada ne commente pas ces données; elle ne fait que les divulguer. Mais plusieurs observateurs constatent que les jeunes ménages, qu’ils soient locataires ou propriétaires, doivent consentir à d’importants sacrifices uniquement pour avoir un toit sur leur tête.

Vers un recul des prix?

Les consommateurs qui souhaitent, un jour, devenir propriétaires devraient peut-être prendre leur mal en patience. Et espérer que Sadiq Adatia soit un véritable devin.

Au cours d’une conférence prononcée jeudi à New York, le premier directeur des placements à Placements mondiaux Sun Life a prédit que le prix des maisons allait éventuellement diminuer de 10 % à 15 %. Sadiq Adatia n’a pas voulu préciser dans combien de temps exactement cette baisse aura lieu, mais il a soutenu que la demande pour les maisons finira par reculer.

Commentant l’effervescence du marché immobilier canadien, Sadiq Adatia a souligné que la fébrilité des échanges est due à la ruée des acheteurs qui veulent devenir propriétaires avant que les taux hypothécaires ne se mettent à monter.

« Ce sursaut devrait être de courte durée », a-t-il précisé.

La situation au Québec semble lui donner raison. Au 1er trimestre de 2013, les ventes de propriétés résidentielles ont fléchi de 16 % par rapport à la période équivalente de 2012, montrent les données de la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ). C’était une troisième baisse trimestrielle consécutive, après des reculs de 6 % et de 12 % aux 3e et 4e trimestres de 2012.

Pour ce qui est des prix, la FCIQ constate un ralentissement de la croissance. Toujours au 1er trimestre de 2013, le prix médian des unifamiliales au Québec a atteint 225 000 $, soit 1000 $ de plus que lors du même trimestre de 2012. « Il s’agissait de la croissance de prix la plus faible depuis plus d’une décennie », a dit la FCIQ.

Le raffermissement de l’offre et la diminution de la demande créeront des conditions d’achat plus favorables pour les jeunes ménages. S’ils réussissent entre-temps à amasser une mise de fonds appréciable, ils pourront accéder à la propriété sans trop « hypothéquer » leur budget.

Ronald McKenzie