L’optimisation fiscale pour une retraite confortable

Par Pierre-Luc Trudel | 15 mai 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Pour éviter de voir une partie de son épargne durement accumulée partir en fumée une fois l’âge de la retraite venu, mieux vaut planifier soigneusement la phase de décaissement grâce à l’optimisation fiscale.

« L’objectif, c’est de maximiser le revenu de retraite de notre client », a lancé Dany Provost, directeur à la planification financière et fiscale au Centre financier SFL Cité de Montcalm, qui a exploré plusieurs stratégies d’optimisation fiscale lors d’un colloque sur la retraite et la succession organisé mercredi par l’Association de planification fiscale et financière (APFF).

Outre la maximisation des crédits d’impôt pour revenus de pension des gouvernements provincial et fédéral, l’égalisation des revenus entre conjoints représente la pierre angulaire d’une démarche d’optimisation fiscale efficace. La division à la source de la rente de retraite du Régime de rentes du Québec (RRQ) est ainsi une possibilité à envisager.

Une fois la demande effectuée, c’est la RRQ qui calculera le montant qu’il sera possible de transférer au conjoint. « La division 50-50 est rarement possible, prévient toutefois Dany Provost. De toute façon, contrairement à la croyance populaire, ce n’est pas nécessairement l’option la plus avantageuse. » De là l’importance de tester divers scénarios pour trouver la bonne formule dans un cas bien précis.

Le report du début du paiement de la pension de la sécurité de la vieillesse (PSV) ainsi que de la RRQ est aussi une stratégie recommandée. Entre 65 et 70 ans, la bonification est de 0,6 % par mois pour la PSV et de 0,7 % par mois pour la RRQ. Le report de l’âge minimum de la retraite à 67 ans par le gouvernement fédéral permettra éventuellement de retarder le versement des prestations jusqu’à 72 ans.

Cela dit, pour diverses raisons, comme l’état de santé, certaines personnes pourraient vouloir demander leurs rentes plus tôt. « Même si ce n’est pas la solution optimale d’un point de vue financier, le plus important c’est que vos clients soient à l’aise avec leur décision », a précisé Dany Provost.

Rentes viagères et assurance vie

Pour éviter de survivre à ses épargnes, l’achat d’une rente viagère est un incontournable, malgré la réticence occasionnée par les bas taux d’intérêt actuels. « On ne doit pas se priver d’acheter une rente viagère parce que les taux sont bas. Il s’agit d’une assurance longévité. Si une personne vit jusqu’à 100 ans, il va falloir que le rendement de son FERR soit vraiment exceptionnel pour que celui-ci soit plus avantageux qu’une rente viagère », a affirmé M. Provost.

Dans une optique successorale, l’assurance vie peut elle aussi être considérée comme un outil de placements fiscalement avantageux étant donné que le capital-décès est non imposable. « C’est certain que le rendement d’une assurance vie diminue selon le nombre de primes payées, donc l’âge du décès, mais même à 100 ans, elle offre encore un rendement imbattable dans plusieurs cas », a soutenu Dany Provost.

Décaisser dans le bon ordre

À l’éternelle question REER ou CELI, Dany Provost répond « les deux » sans hésiter. Mais encore faut-il retirer les bons montants de ces régimes au bon moment pour éviter que des milliers de dollars en trop se retrouvent dans les mains de l’impôt.

Pour démontrer toute l’importance de l’ordre des déboursés, le planificateur financier a réalisé diverses projections à partir de l’hypothèse d’une personne seule âgée de 60 ans possédant 500 000 $ en REER, 45 000 $ en CELI et 500 000 $ en épargne non enregistrée. Pour maintenir son niveau de vie jusqu’à l’âge de son décès, à 90 ans, elle doit décaisser 50 000 $ par année.

Selon le scénario traditionnel, qui consiste à décaisser d’abord l’épargne non enregistrée, suivie du CELI et finalement du REER, la valeur liquidative à l’âge de 90 ans sera de 364 302 $.

À l’inverse, en décaissant d’abord le REER, suivi de l’épargne non enregistrée et enfin du CELI, il ne restera que 212 772 $ à l’âge de 90 ans, soit 151 130 $ de moins que le premier scénario.

En faisant intervenir divers autres facteurs, tels que le taux de roulement du portefeuille et le déclenchement d’un revenu imposable minimal, Dany Provost parvient à mettre en place un décaissement optimisé où la valeur liquidative est de 412 360 $ à l’âge de 90 ans, soit 48 058 $ de plus que le premier scénario.

« Il n’existe malheureusement pas de recette magique en optimisation fiscale, c’est du cas par cas pour trouver le meilleur scénario », a affirmé Dany Provost, qui a cependant tenu à relativiser un peu avant de conclure. « L’augmentation du taux de rendement de seulement 0,5 % a un effet beaucoup plus grand sur la valeur de l’épargne que l’optimisation fiscale, c’est quelque chose que l’on doit garder en tête. »

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Pierre-Luc Trudel