Marché canadien : point de vue du gestionnaire Maxime Lemieux

Par Fabrice Tremblay | 14 septembre 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le gestionnaire du Fonds Fidelity Frontière Nord, Maxime Lemieux

Le gestionnaire de portefeuille de Fidelity Maxime Lemieux préfère actuellement les titres de compagnies pouvant générer des liquidités importantes. C’est l’approche qu’il adopte désormais dans la gestion de son fonds d’actions canadiennes, a-t-il indiqué aux conseillers lors d’une conférence organisée par Fidelity à Montréal.

Maxime Lemieux gère le Fonds Fidelity Frontière Nord, qui a un actif sous gestion de 5 milliards de dollars. « Les liquidités deviennent de plus en plus primordiales du fait que nous sommes dans une économie où il y a beaucoup moins de potentiel de croissance. Les compagnies qui gérèrent beaucoup de liquidités ont la possibilité de racheter leur titre pour soutenir les évaluations, ou encore de payer un meilleur dividende, ou d’acquérir des compétiteurs par des fusions-acquisitions », dit M. Lemieux. Des liquidités importantes garantissent aux investisseurs que les évaluations des compagnies ne chuteront pas de façon importante en cas de baisse de l’économie.

La possibilité d’une deuxième récession pourrait d’ailleurs avoir un impact limité sur les résultats des entreprises. Les marges de profits des compagnies sont revenues à leur niveau d’avant la crise. La plupart ont rationalisé leurs activités. Cela va de pair avec le taux de chômage élevé qu’on observe aux États-Unis, qui se situe à près de 10 %. « Est-ce qu’une récession changerait grandement les évaluations des compagnies? Je ne suis pas convaincu de ça. Il faudrait que les marges déclinent énormément. Et pour que les marges déclinent, il faudrait que les entreprises embauchent beaucoup », souligne M. Lemieux. Ce n’est pas ce que l’on observe actuellement. Si les entreprises embauchaient beaucoup, cela serait de toute façon profitable pour l’économie en général, précise le gestionnaire de portefeuille.

Une position prudente Pour connaître son appréciation de la période immédiate, on peut se fier au niveau de liquidités que conserve M. Lemieux dans son fonds Frontière Nord. Le niveau de liquidités se situe actuellement à 11 % des actifs totaux. En période normale, le gestionnaire conserve de 3 % à 5 % de liquidités, le maximum de liquidités autorisé pour ce fonds étant de 20 %. Dans le passé, Maxime Lemieux n’a pas hésité à utiliser la limite permise de liquidités pour les fonds qu’il gérait, lorsque la situation s’y prêtait. Cela a été le cas en 2001-2002, où il est monté à 20 % de liquidités. Et en 2008, où il est monté à plus de 15% de liquidités.

En raison de sa taille et de ses objectifs, le fonds Frontière Nord est très diversifié. Le gestionnaire de portefeuille a cependant recours à des surpondérations et des sous-pondérations par secteur relativement importantes. « J’aime contrôler le risque à ma façon. Quand je regarde le risque dans le marché, j’essaie de le voir davantage en absolu qu’en relatif », affirme M. Lemieux. Depuis le début de l’année, le fonds a été surpondéré dans le secteur industriel (environ 4 % de plus que l’indice TSX) et dans le secteur technologique (5 % de plus que l’indice).

Une limite pour l’or À l’inverse, le fonds a eu une sous-pondération importante dans les métaux de base, et une sous-pondération dans les ressources naturelles et l’énergie (18 % par rapport à 25 % dans l’indice). Le fonds est également sous-pondéré dans le secteur de l’or. M. Lemieux a cependant pour politique de ne jamais dépasser une pondération de 10 % en titres aurifères, en raison de la nature particulière de ce bien. Dans l’indice TSX, la pondération de l’or peut grimper à un niveau supérieur à 10 %. « Dans mes avoirs personnels, je n’investirais pas plus de 10 % dans le secteur de l’or », souligne le gestionnaire de portefeuille.

Fabrice Tremblay