Marchés boursiers : du jamais vu !

Par Sophie Stival | 21 septembre 2009 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le marché boursier évolue présentement en territoire inconnu, affirme le gestionnaire de portefeuille Pat McHugh à nos collègues d’Advisor.ca.

Ce spécialiste quantitatif de Gestion des placements mondiaux MFC (division de la Financière Manuvie) pense que la hausse du S&P/TSX, qui a cours depuis mars, est sans précédent tout comme la crise financière qui en est la cause.

Attention aux statistiques S’attarder aux caractéristiques quantitatives des actions les plus performantes est « pernicieux », dit-il. Statistiquement, le pire quintile de l’indice composite TSX a offert de meilleurs rendements que le quintile le plus performant. Historiquement, durant les trois mois suivant le creux d’un marché baissier, le TSX performe de 8 %. Le présent cycle haussier a plutôt offert un rendement trimestriel de 41 %. « Ceci est sans précédent », s’exclame Pat McHugh. « On n’a jamais vu rien de pareil. Depuis six mois, nous avons connu une hausse de 45 %, généralement ce sont des rendements autour de 15 %. Nous sommes carrément en territoire inconnu. Nous pourrions voir un recul de 25 % et toujours être dans une tendance haussière. Comme le dit l’adage : que l’acheteur soit vigilant (caveat emptor). » Le spécialiste précise également que le ratio cours/bénéfice de l’indice TSX est toujours à plus d’un écart type de la moyenne des 25 dernières années. Ceci en dépit de la bonne performance actuelle. Au cours de la même période, le ratio cours/valeur comptable de l’indice est retourné près de la moyenne de cet intervalle de 25 ans, mais se situe toujours sous la moyenne de la dernière décennie.

Surveiller le prix des matières premières Le facteur clé des marchés boursiers canadiens est le prix des matières premières. Pat McHugh note que lorsque l’indice Commodity Research Bureau’s (CRB) augmente, il en est de même pour la rentabilité des entreprises formant l’indice TSX. Une hausse du prix des produits de base contribue directement à la profitabilité des producteurs des secteurs de l’énergie et des matières premières. En retour, les entreprises qui desservent ces producteurs sont aussi gagnantes. On entend par là les banques qui financent le développement de nouvelles technologies jusqu’aux industries qui fournissent les équipements. Bien des secteurs tirent avantage de la hausse des prix des matières premières. Durant cette crise économique, le prix des matières de base n’a pas seulement connu son plus large déclin depuis 25 ans, mais la descente a également été très brusque. Les baisses précédentes avaient été beaucoup plus graduelles, incorporant quelques petits bonds temporaires durant le fléchissement. « Croisons-nous les doigts et souhaitons que ce nouveau cycle ne soit pas un simple rebond dans une tendance baissière à long terme, mais bien le vrai creux », dit le spécialiste.

Remettre en question la durabilité de la reprise Bien que la reprise soit récente, il faut s’interroger sur sa durabilité, affirme M. McHugh. Il n’est pas très clair si les matières premières sont réellement utilisées dans la production industrielle ou si c’est simplement la Chine qui augmente ses inventaires. Les indicateurs quantitatifs privilégient toujours un marché d’acheteurs, mais Pat McHugh rappelle qu’il existe toujours des risques. Son scénario le plus probable, soit des profits plus forts d’un écart type de la moyenne à long terme, lui laisse entrevoir une croissance annuelle composée (CAC) de 14 % au cours des cinq prochaines années (indice TSX). Selon un modèle suivant une courbe normale (profits de retour dans les moyennes à long terme), plutôt qu’un modèle plus optimiste, le rendement espéré (CAC) des cinq prochaines années baisserait à 3 % et pour le scénario le plus pessimiste, -11 % (profits un écart type plus bas). Le même modèle appliqué à l’indice américain S&P 500 donne des résultats plus positifs que le TSX, mais la plupart des Canadiens devraient tout de même éviter d’investir aux États-Unis. « Si les matières premières amorcent un nouveau cycle haussier, le dollar canadien devrait prendre de la force, entachant le rendement de vos actifs américains et internationaux », termine le gestionnaire.

Sophie Stival