Marchés boursiers : trop haut et trop tôt, dit Roubini

6 octobre 2009 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Décidément, l’économiste américain Nouriel Roubini cultive le pessimisme boursier. En entrevue à l’agence Bloomberg, il a déclaré que les actions ont grimpé «trop haut, trop tôt et trop rapidement». Il prévoit que les Bourses américaines subiront un «déclin majeur» d’ici la fin du premier trimestre de 2010.

Professeur d’économie à la Stern School of Business de l’université de New York et président de RGE Monitor, Nouriel Roubini est cet économiste qui a anticipé avec précision l’éclatement de la crise financière mondiale qui a secoué la planète en 2008.

En avril dernier, il disait douter que les Bourses puissent redémarrer et que les investisseurs risquaient de subir une «grande désillusion». Depuis ce temps, l’indice S&P 500 a bondi de 51%, tandis que l’indice européen Dow Jones Stoxx 600 affiche une avance de 48%.

Malgré tout, Nouriel Roubini maintient le cap. «L’économie réelle peine à se rétablir alors que les marchés montent. Je vois un risque de correction, particulièrement lorsque les marchés réaliseront que la reprise est lente et en forme de U, pas de V. Cela pourrait survenir au quatrième trimestre ou au début de l’an prochain», a-t-il expliqué.

Il est vrai que les gains boursiers aux États-Unis ont dopé les évaluations. Le prix actuel des actions traduit des bénéfices d’exploitation 19fois supérieurs à ceux que les entreprises enregistrent pour de vrai. Ces évaluations s’approchent ainsi d’un sommet qui date de 2004. Déjà, on sent une certaine nervosité sur les marchés américains. La semaine dernière, les cours ont chuté à la suite de la publication de données sur la croissance moins rapide que prévu de la production manufacturière et sur la hausse du chômage.

Selon le Fonds monétaire international, l’économie mondiale se contractera de 1,1% cette année et devrait croître de 3,1% en 2010, grâce surtout à l’Asie. Nouriel Roubini a qualifié des chiffres d’«anémiques» et de «très faibles».

Si la reprise économique ne décolle pas rapidement, les Bourses finiront par plafonner et s’aplatir avant de se corriger jusqu’à ce que les évaluations deviennent acceptables. «Il y a un écart grandissant entre le comportement des marchés et le niveau d’activité de l’économie réelle», a conclu Nouriel Roubini.