Pas de récession à l’horizon

Par La rédaction | 25 janvier 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’année 2018 semble vouloir s’inscrire dans le même sillage que 2017 : celui des bonnes nouvelles économiques. Voici les prévisions des trois experts invités du Cercle de finance du Québec la semaine dernière.

« La croissance économique mondiale va en s’accélérant depuis 2016, constate François Bourdon, chef des placements global à Fiera Capital. En ce qui a trait aux banques centrales, qui sont très importantes pour les rendements des marchés financiers, on a vu que la Réserve fédérale américaine a [fortement soutenu l’économie] depuis 2009 et qu’elle [a réduit ses mesures] il y a environ un an. »

Les banques centrales d’Europe et du Japon ont pris le relais et continué d’assouplir les conditions financières, poursuit-t-il. « On pense que cette année, le soutien des différentes banques centrales va être moins grand qu’il l’était auparavant. » Cela devrait avoir pour effet de ralentir un peu la croissance des marchés financiers, selon lui.

Quant à une récession? Pas avant 2020 ou 2021!

Bourdon constate également que si l’inflation est basse, elle est toutefois en hausse un peu partout sur la planète. « On atteint les niveaux de 2 %, note-t-il. On pense qu’elle va grimper au-delà de 2 % au Canada, aux États-Unis et dans plusieurs autres pays. »

Pour 2018, il mise davantage sur les marchés canadiens et émergents plutôt que sur les marchés américains et internationaux, qui devraient offrir une moins bonne performance.

« Le Canada devrait bien faire, car il dépend beaucoup des produits de base [commodities] sur les marchés boursiers. Quant aux marchés émergents, c’est la même chose, ils dépendent aussi des produits de base. Mais il y a aussi du rattrapage à faire. Il y a eu un marché baissier sur ces marchés entre 2010 et 2016, qui se résorbe progressivement. »

Il n’est pas très optimiste quant aux obligations. « On ne favorise pas cette catégorie d’actif-là », indique M. Bourdon. Une période de hausse de taux n’est en effet pas particulièrement bénéfique pour les obligations.

AU CANADA ET AU QUÉBEC

Comme plusieurs analystes s’y attendaient, la Banque du Canada a augmenté la semaine dernière son taux directeur. « Il y aura peut-être d’autres hausses, mais je pense que ce sera dans la deuxième moitié de l’année, par contre », avance Stéfane Marion, économiste et stratège en chef à la Banque Nationale. Il s’attend néanmoins à ce que les taux d’intérêt demeurent bas.

M. Marion rappelle que le Québec et le Canada ont eu leur lot de nouvelles positives. Le chômage est à un taux historiquement bas, les femmes sont très nombreuses sur le marché du travail et le pays s’est bien positionné en accueillant un nombre très important d’immigrants dits « économiques », souligne-t-il notamment. Il n’hésite pas à qualifier la position du pays d’enviable, mais les négociations des accords de libre-échange demeurent un enjeu.

La pénurie de main-d’œuvre est aussi un défi, surtout hors de Montréal. « On doit absolument faire mieux au chapitre de l’immigration pour combler les emplois », croit-il.

Enfin, si certains s’inquiètent du taux d’endettement, ce n’est pas son cas. M. Marion souligne notamment que 160 % du PIB est déjà accumulé dans les caisses de retraite. Les citoyens ont ainsi l’esprit tranquille pour s’endetter un peu plus, croit-il.

ÉTATS-UNIS

Du côté des États-Unis, la situation économique est bonne, ayant repris en vigueur durant la dernière année.

« L’année 2017, c’est la première année complète où les choses se sont replacées partout dans le monde, constate François Dupuis, économiste en chef du Mouvement des caisses Desjardins. Il y a eu un retour en force de la vitalité économique, une hausse marquée des indices de confiance, surtout aux États-Unis, ainsi qu’une baisse des tensions financières avec une volatilité très faible sur les marchés. On s’attend à ce que ça se poursuive en 2018. » Selon lui, les États-Unis ont eu un rôle important à jouer dans cette situation.

L’expert se montre toutefois critique envers le président américain, Donald Trump, notamment en ce qui a trait à sa réforme fiscale. « C’est sûr que ça va aider un peu l’économie américaine, il va y avoir des investissements, peut-être une petite hausse de la productivité et de l’emploi », admet M. Dupuis.

Il n’est cependant pas convaincu de la pertinence de la réforme. Il dénonce notamment son coût élevé, ses mesures non égalitaires et la stimulation excessive de l’économie qu’elle pourrait entraîner. Sans compter qu’il juge « chaotique » la gestion du président américain.

Que faudra-t-il surveiller dans les prochains mois aux États-Unis? « Actuellement, la reprise économique est bien en selle et il y a même un risque de surchauffe, qu’on pourrait voir en 2019 et peut-être même avant, note M. Dupuis. L’inflation sera de retour, probablement de 2,5 % à 3 %. Il y a toutefois un risque de dérapage de celle-ci. Ça va être à surveiller en 2018. » Dernier élément à garder à l’œil : les possibles guerres commerciales en raison des mesures protectionnistes de plus en plus nombreuses des États-Unis.

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