Pas question de réformer la Fed, dit sa présidente

Par La rédaction | 18 novembre 2015 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La présidente de la banque centrale américaine, Janet Yellen, a sévèrement critiqué hier un projet de loi de la Chambre des représentants destiné à réformer et à superviser la Fed, rapporte l’Agence France-Presse.

Dans une lettre au nouveau président de la Chambre, le républicain Paul Ryan, et à la responsable démocrate Nancy Pelosi, la patronne de la Réserve fédérale estime que le projet de « Réforme et modernisation de la Fed » (Form Act) « nuirait gravement à l’économie américaine s’il devenait une loi ».

En effet, affirme-t-elle sans détour, ce texte « présente de sérieuses erreurs » et, s’il est adopté, « il empêchera sérieusement la Fed d’exercer son mandat, qui est de promouvoir l’emploi maximum et la stabilité des prix », tout en « portant atteinte à l’indépendance » de l’institution.

« FORMULE MATHÉMATIQUE »

Déjà approuvé par la Commission des services financiers de la Chambre, le texte prévoit notamment que la banque centrale élabore une « formule mathématique » qui dicterait sa politique sur les taux. De plus, il exigerait de la Fed qu’elle se justifie auprès du Congrès dès qu’elle dévie de cette règle.

Or, avertit Janet Yellen, « mener une politique monétaire en adhérant strictement à ce que prescrit une simple règle conduirait à des résultats économiques médiocres ». Et la dirigeante d’ajouter qu’il n’existe de toute façon pas de consensus parmi les économistes sur une « formule » de politique monétaire.

UN RÔLE ACCRU POUR LE GAO

Citant l’exemple de la crise financière de 2008 et de la récession qui s’est ensuivie, elle écrit : « Si le Comité de politique monétaire [Federal Open Market Committee, FOMC] avait dû fonctionner en suivant une règle unique de politique monétaire au cours des six ans et demi passés, les conséquences du chômage auraient été bien plus douloureuses qu’elles ne l’ont été et l’inflation serait encore plus éloignée de l’objectif de 2 % de la Fed. »

Le projet de loi prévoit par ailleurs que le GAO (Government Accountability Office), un organisme d’audit, d’évaluation et d’investigation placé sous l’autorité du Congrès, puisse « examiner les décisions monétaires de la Fed à tout moment ».

« POLITISATION DES DÉCISIONS »

Une autre mauvaise disposition, soutient Janet Yellen, puisqu’elle « politiserait les décisions monétaires et imposerait des pressions politiques à court terme sur les délibérations du FOMC ». Avec le risque, en fin de compte, d’« accroître les craintes d’inflation, de diminuer le statut du dollar sur les marchés financiers et de fragiliser la stabilité financière et économique ».

Au contraire, pour le président de la Commission des services financiers de la Chambre, le républicain Jeb Hensarling, le Form Act permettra de « corriger » le flou de la politique de la Fed, car il « améliorera sa transparence » et l’obligera à « rendre des comptes ».
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