Payer maintenant, vérifier plus tard

14 novembre 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les opérations de fusion et d’acquisition d’entreprises canadiennes s’effectuent aujourd’hui presque deux fois plus rapidement qu’il y a un an, révèle une étude de Towers Perrin.

La firme conseil a passé au peigne fin plus de 500 transactions de ce genre entre janvier 2007 et septembre 2008. Elle a remarqué que la durée moyenne entre l’annonce de la fusion ou de l’acquisition et la signature du contrat est passée brusquement de 142 jours en 2007, à seulement 80 jours en 2008. «Ce chiffre devrait continuer de diminuer puisque d’autres transactions seront conclues hâtivement avant la fin de l’année», indique Towers Perrin.

Qu’est-ce qui pousse les acheteurs à presser le mouvement? La tourmente des marchés. Elle fait diminuer la valeur des entreprises et incite les acheteurs à croire qu’ils ont devant eux l’affaire du siècle. Ne voulant pas rater une occasion exceptionnelle, ils passent rapidement aux actes.

«Des aspects importants de la vérification diligente sont pour ainsi dire reportés après la signature. Le concept "sauter sur l’occasion" change les processus classiques de fusion et d’acquisition, car la menace de surprises potentielles futures représente peu en comparaison avec l’échelle des économies ou la valeur stratégique susceptible d’être atteintes», explique Towers Perrin.

Ce processus de transaction ultrarapide touche tous les secteurs, y compris les industries canadiennes du secteur des produits de base et de l’énergie où les multinationales veulent faire l’acquisition d’actifs à prix exceptionnel.

Cependant, la rapidité accrue de ces transactions en augmente les risques. «Les acquéreurs feraient bien de ne pas oublier que le fait de remettre à plus tard le difficile travail de vérification diligente et de planification de l’intégration signifie qu’il leur faudra être plus vigilants, et non moins, après la signature, pour que la transaction soit couronnée de succès à long terme», souligne Towers Perrin.

Bien sûr, les transactions «classiques» de fusion et d’acquisition existent toujours, avec leurs méthodes habituelles de vérification diligente de préachat. Mais dans le cas des fusions et acquisitions rapides, le processus a été modifié du tout au tout. Il a été tronqué afin de répondre aux besoins commerciaux et à ceux du marché. Towers Perrin constate que la vérification diligente effectuée dans la phase précédant l’annonce est maintenant remplacée par un processus d’établissement des faits postérieur à la signature pour déterminer avec exactitude ce qui a été acheté. Payer maintenant et vérifier plus tard, quoi.

Quelle que soit la méthode retenue, il reste qu’une transaction de fusion ou d’acquisition doit respecter des critères minimaux pour être couronnée de succès dès le départ. Towers Perrin en note trois incontournables:* Retenir le talent. L’acquéreur doit décider rapidement quelles sont les personnes qu’il veut garder. Il doit leur offrir un bon salaire et déterminer les autres avantages dont elles ont besoin. «La valeur de la nouvelle entreprise périclitera si vous n’avez pas le concours des bonnes personnes», dit Towers Perrin.* Démontrer et dire. L’acquéreur ne doit pas garder la stratégie pour lui seul. Dès le départ, il faut être clair quant au fonctionnement de la nouvelle entité et aux objectifs à atteindre.* Gérer les attentes. Impossible d’avoir toutes les réponses le premier jour. En fait, il y aura plus d’incertitude qu’à l’habitude au moment du changement de contrôle. Il faut donc informer tous les intéressés qu’il faudra du temps une fois la transaction close pour planifier les détails de l’intégration. L’acquéreur doit absolument se donner un peu de temps.