Pas si risqués, les REER

Par La rédaction | 6 avril 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le REER présente certes des risques, mais des risques tout à fait contrôlables.

Si l’intention est bonne, à savoir contribuer à la discussion sur l’amélioration du sort des retraités à long terme, plusieurs conseillers et planificateurs financiers s’offusquent des conclusions de l’étude publiée par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC), dont Conseiller a fait écho en début de semaine. Ils estiment que l’analyse est incomplète et que les comparaisons manquent de précisions, quand elles ne sont pas purement et simplement inexactes.

David Truong, conseiller au Centre d’expertise de la Banque nationale Gestion privée 1859, note par exemple que l’auteur de l’étude, l’économiste Riel Michaud-Beaudry, compare le taux de rendement du Régime de rentes du Québec (RRQ) entre 2011 et 2016, à savoir 9,2 %, avec les normes de l’IQPF pour un portefeuille dynamique sur les années 2017-2018, soit 2,75 %. Il en conclut que le RRQ fait bien mieux que les institutions financières, chargées pourtant de faire fructifier les REER.

« Sauf qu’il ne compare pas des pommes avec des pommes, pointe-t-il. Ce ne sont pas les mêmes années, et dans un cas, il s’agit d’un rendement réalisé sur cinq ans et dans le passé, dans l’autre, d’une hypothèse à long terme. Or, le passé n’est pas garant de l’avenir. »

REVALORISATION DES RÉGIMES DE RENTES

Au-delà de cette querelle de chiffres, M. Truong ne croit pas au postulat de départ, qui suppose que les gouvernements ne se préoccupent pas de la retraite de leur population et qu’ils n’ont pour seul objectif que de réduire l’assiette de l’État en la matière.

Il oppose à cela le fait que tant au fédéral qu’au provincial, les régimes ont été revalorisés ces dernières années. Ainsi, à la fin de la période d’intégration de la réforme, un jeune retraité recevra désormais 25 % de ses revenus de la part d’Ottawa et 33 % de la part de Québec. Il note également que d’autres dispositifs permettent à ceux qui décideraient de faire valoir leurs droits à 70 ans au lieu de 65 de toucher 36 % de leurs revenus au fédéral et même 42 % au provincial (au lieu de 30 %).

« Bien sûr, cela engendre des cotisations supplémentaires de la part des salariés, admet David Truong, mais dans le même temps, pour compenser, la prestation fiscale pour le revenu de travail a été bonifiée pour les personnes ayant de faibles revenus. »

Là où les deux hommes s’accordent en revanche, c’est sur le manque de connaissances de la population quant aux produits disponibles et aux risques encourus. M. Truong répond à cela que tout épargnant devrait consulter pour le moins un conseiller et, mieux encore, un planificateur financier. Eux seuls seront à même d’évaluer la tolérance au risque de chacun afin de conseiller des produits, au meilleur des intérêts du client.

« Alors oui, il peut arriver des événements comme la récession de 2008, concède-t-il, mais cela est quand même très exceptionnel. En règle générale, il y a moyen de répartir un portefeuille de façon à réduire le risque. »

INTOLÉRANCE AU RISQUE

Et pour ceux qui seraient complètement intolérants à quelque risque financier que ce soit, il y a encore des solutions, souligne l’expert de la Banque nationale. Il évoque notamment les certificats de placement garanti, qui assurent de recevoir au final la totalité de son placement initial tout en produisant des intérêts (certes pas très élevés) à un taux fixe, variable ou déterminé.

Et pour ceux qui souhaitent couvrir le risque de « longévité », au cas où ils vivraient plus vieux qu’ils ne l’avaient prévu, il y a la rente viagère, qui assure de recevoir chaque mois le même montant, et ce, jusqu’à ce que mort s’en suive.

« Il y a toujours matière à amélioration, conclut David Truong, mais de là à dire que les gouvernements s’en lavent les mains et que les REER servent surtout la rentabilité des institutions financières, je ne crois pas. Le REER est un outil d’épargne et un bon outil d’épargne, complémentaire d’autres produits tels que le CELI notamment. Est-ce que les Canadiens s’en servent de manière optimale? Ça, c’est une autre histoire. »

La rédaction