Pourquoi les conseillers devraient utiliser une déclaration de politique de placement

Par Andrew Rickard | 18 mai 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Selon un rapport publié par la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO), beaucoup de conseillers financiers canadiens semblent traiter les questionnaires d’évaluation de la tolérance au risque comme de simples petits obstacles précédant la conclusion d’une vente.

Les examens qu’a effectués sur le terrain la CVMO lui ont permis de constater que le manque de renseignements CSC (« Connaître son client ») au dossier des clients était très répandu. D’après Marrianne Bridge, directrice de la conformité à la CVMO, même lorsque des renseignements CSC figurent au dossier du client, ils sont « parfois incomplets ou mal documentés ».

Les recherches effectuées par notre site jumeau Advisor.ca à l’échelle nationale sont malheureusement arrivées aux mêmes conclusions.

Même si 54 % des répondants au premier sondage annuel Annual Dollars and Sense Survey, réalisé par Advisor.ca, ont utilisé un formulaire conçu pour recueillir des renseignements CSC afin de déterminer la tolérance au risque du client, seulement 15 % ont pris le temps de rédiger une déclaration de politique de placement.

Formulaire de renseignements CSC et déclaration de politique de placement Si le formulaire de renseignements CSC typique se résume souvent à une série de questions à choix multiples et à une ligne de signature au bas de la page, la déclaration de politique de placement est quant à elle beaucoup plus complète; c’est un engagement écrit qui peut comprendre 6 pages et plus. Voyez-la comme un plan d’affaires pour le portefeuille de placement du client.

En plus de traiter de la situation financière du client et de ses préférences, la déclaration de politique de placement définit les rôles et responsabilités de chacun, les cibles de répartition de l’actif et les indices de référence qui serviront à évaluer le rendement.

Utilisée à l’origine par les gestionnaires de portefeuille responsables de régimes de pension collectifs ou de comptes carte blanche d’envergure, la déclaration de politique de placement gagne peu à peu en popularité auprès des particuliers insatisfaits du formulaire de renseignements CSC habituel, perçu comme trop vague, et qui recherchent une véritable déclaration rédigée en termes clairs. Alors que certains conseillers ne voient pas l’intérêt de se donner le mal de composer un document aussi long qui leur impose davantage de responsabilités, les plus sages comprendront que la déclaration de politique de placement peut jouer en leur faveur.

C’est la saison de la chasse Si la documentation additionnelle associée à la déclaration de politique de placement vous rebute, c’est peut-être parce que vous ignorez que la chasse est ouverte et que vous êtes le gibier. En effet, on constate une hausse du nombre et de l’envergure des poursuites judiciaires contre les conseillers financiers. Le barreau d’au moins une province a d’ailleurs organisé un séminaire sur le thème : « Comment s’y prendre pour poursuivre son conseiller financier ».

Étant donné cette tendance à la hausse, sachez que vous vous trouvez dans le champ de mire des avocats et que plus tôt vous reconnaîtrez que vous agissez à titre de fiduciaire pour vos clients, plus tôt vous pourrez mettre en place des mécanismes de protection. En rédigeant une déclaration de politique de placement qui établit clairement les objectifs du client, vous risquez moins d’avoir des surprises dues à une mémoire sélective ou à de regrettables ambiguïtés (telles que « Mais il me semblait vous avoir entendu dire que j’allais avoir un rendement de 15 % ! »).

Rien n’est jamais facile Une bonne déclaration de politique de placement ne s’obtient pas en criant ciseau (ce qui explique probablement pourquoi aussi peu de conseillers s’en servent) : cela demande de longues discussions avec le client pour rassembler tous les faits et beaucoup de travail de rédaction. Même si la perspective de passer des heures à composer cette déclaration ne vous enchante guère, ne perdez pas de vue qu’en prenant le temps de consigner tous les détails recueillis, vous obtiendrez un document durable et de grande valeur à la fois pour le client et pour vous.

Rappelez-vous que la déclaration de politique de placement que vous rédigez aujourd’hui fera office de document de référence dans l’avenir. Définissez des objectifs réalistes et rédigez le tout en langage clair. De cette façon, si les choses venaient à se compliquer, vous et votre client pourrez vous référer à ce document pour vous guider et vous rassurer.

Note : L’Institut canadien des actuaires a publié des notes pour guider la rédaction de déclarations de politique de placement pour les régimes collectifs, mais il n’existe présentement pas de déclaration de politique de placement standard ou préapprouvée au Canada pour les comptes de particuliers. Toutefois, votre modèle devrait comporter les points suivants :

  • Introduction et résumé
  • Situation actuelle des placements
  • Philosophie et objectifs de placement
  • Rôles et responsabilités
  • Sélection des placements
  • Suivi et rapports des placements
  • Évaluation du rendement
  • Dispositions additionnelles

Il existe de nombreux exemples de politiques de placement. Voici par exemple celui qui est disponible sur le site QuestionRetraite.com.

Cet article, paru à l’origine sur le site Advisor.ca, a été traduit par le Groupe Investors et adapté par Conseiller.ca.

Andrew Rickard