Premier trimestre difficile pour les marchés boursiers

Par La rédaction | 18 avril 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Alors que l’économie mondiale continue d’afficher une solide croissance, les marchés boursiers ont connu plusieurs soubresauts et les taux obligataires ont augmenté depuis le début de l’année, selon l’Autorité des marchés financiers.

Dans la dernière livraison de la Revue des marchés financiers, la Direction principale des affaires internationales et de la vigie stratégique de l’AMF relève notamment que, après une longue période de faible volatilité, les marchés ont enregistré une série de variations au cours du premier trimestre, alimentées « par des anticipations d’inflation plus élevée que prévu et par des craintes de guerre commerciale ».

Quant aux taux obligataires, ils ont augmenté « sensiblement », en raison cette fois « de la montée des pressions inflationnistes et de la perspective de resserrements monétaires plus rapides » qu’anticipé.

DU CÔTÉ DES MARCHÉS BOURSIERS

Après un bon départ, les principaux indices boursiers mondiaux ont finalement connu un trimestre difficile, marqué par une correction importante en février, puis par un autre recul le mois suivant. La volatilité a également effectué un retour en force, ce qui ne s’est pas fait sans heurts, selon les analystes de l’AMF. À titre d’exemple, le 5 février, l’indice VIX du S&P 500 a bondi de 20 points, sa plus forte hausse journalière depuis 1987. Des fonds négociés en Bourse (FNB) liés aux indices de volatilité, en particulier aux États-Unis, ont subi des pertes très importantes, au point que certains ont dû être liquidés. Quelques FNB canadiens, de taille plus modeste, ont également été touchés.

Après avoir rattrapé une partie du terrain perdu lors de la correction de début février, le S&P 500 a subi un autre important recul en mars. Cette fois, « les menaces grandissantes d’une guerre commerciale, notamment entre les États-Unis et la Chine, ainsi que l’incertitude entourant la réglementation et la viabilité des modèles d’affaires des grandes firmes technologiques semblent avoir miné la confiance des investisseurs », estime l’AMF. En fin de compte, le S&P 500 a clôturé le premier trimestre en baisse de 1,2 %, tandis que la volatilité s’est « quelque peu estompée ».

Au Canada, le S&P/TSX n’a pas non plus été épargné par les contractions enregistrées en février et en mars. Résultat : il termine le trimestre en baisse de 5,2 %, « une fois de plus en queue de peloton par rapport à ses pairs », soulignent les analystes. Ceux-ci attribuent en partie cette faiblesse aux mauvaises performances du secteur de l’énergie au pays.

Bien qu’elles finissent le trimestre en baisse de 4,5 %, les entreprises québécoises cotées en Bourse ont pour leur part « fait relativement mieux » que l’ensemble du S&P/TSX, ajoutent-ils. À noter que, à l’exception de ceux de l’industrie et des technologies de l’information, la plupart des secteurs ont affiché un rendement négatif. À l’instar des États-Unis, l’incertitude entourant l’avenir de l’ALENA ainsi que les risques associés à l’endettement des ménages et aux déséquilibres du marché immobilier ont semble-t-il « miné l’optimisme des investisseurs envers le Canada », ce que reflète d’ailleurs l’évolution à la baisse du huard.

DU CÔTÉ DES MARCHÉS OBLIGATAIRES

Les taux obligataires ont augmenté depuis le début de l’année, surtout chez nos voisins du Sud. Par conséquent, les taux à 10 ans américains ont atteint brièvement 3 % en février pour finalement clôturer le trimestre à 2,7 %. En effet, notent les analystes de l’AMF, « les signes de surchauffe de l’économie américaine se font un peu plus présents » et les tensions inflationnistes se sont notamment traduites par « des attentes de resserrements monétaires plus importants qu’escompté ». Et ce phénomène ne semble pas prêt de s’estomper, puisque le contexte économique américain actuel « favorise sans contredit une remontée de l’inflation ».

L’Autorité anticipe par ailleurs que la réforme de la fiscalité et l’augmentation du budget de dépenses du gouvernement américain entraîneront « une détérioration significative du déficit budgétaire » et « une augmentation des émissions d’obligations », ce qui contribuera à orienter les taux à la hausse. Rappelant que la Fed a adopté un plan de réduction de son bilan, notamment en diminuant ses réinvestissements des obligations qui arrivent à échéance, l’AMF estime qu’« au final, le marché devra absorber une plus grande quantité d’obligations d’État ».

Au Canada, les taux obligataires se sont eux aussi inscrits dans une tendance haussière au premier trimestre, et ce, après avoir déjà augmenté « de façon marquée » durant la seconde moitié de 2017. Profitant du dynamisme de l’économie au pays, la Banque du Canada avait en effet relevé à trois reprises son taux directeur l’an dernier, rappellent les analystes. Ceux-ci observent toutefois que le rythme de croissance de l’économie canadienne a aujourd’hui ralenti, ce qui laisse entrevoir un resserrement plus graduel de la politique monétaire de la banque centrale, d’autant que « le haut niveau d’endettement des ménages rend l’économie canadienne particulièrement sensible à une remontée des taux ».

Malgré tout, conclut l’AMF, les problèmes rencontrés au premier trimestre « ne se sont traduits que par une légère remontée des niveaux de stress financier », tandis que l’Indice de stress de l’Autorité, qui mesure le degré d’instabilité au sein du système financier canadien, demeure encore sous sa moyenne de long terme.

La rédaction