PRÉVISIONS 2007 – L’énergie et les matériaux devraient encore influencer le sort de la Bourse

Par Mélanie Alain | 2 janvier 2007 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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(02-01-2007)Pour partir l’année du bon pied, Conseiller.ca vous offre les prédictions financières de deux experts: Luc Girard, de Valeurs mobilières Desjardins, et Pierre Lapointe, de la Financière Banque Nationale.

Les deux observateurs avertis mettent en lumière la voie qu’empruntera les Bourses canadiennes et américaines, le marché obligataire, l’inflation et les taux d’intérêt.

Luc Girard, directeur du Groupe-conseil en portefeuille de Valeurs mobilières Desjardins, considère que les matériaux et les télécommunications devraient bien faire lors du premier semestre. Le secteur bancaire pourrait aussi occuper une place enviable durant l’année.

«Le secteur des matériaux devrait encore obtenir un bon rendement en début d’année, estime-t-il. Par la suite, avec le ralentissement économique qui est en train de se produire du côté américain, il y aura probablement une rotation sectorielle assez massive vers des secteurs beaucoup plus sensibles aux taux d’intérêt. Puis, vers la fin de l’année, il y aura un retour vers les matériaux parce que les gens se rendront compte qu’on ne se dirige pas vers une récession.»

Pierre Lapointe, stratège à la Financière Banque Nationale, croit aussi que les ressources seront un secteur à surveiller. Il craint toutefois que nos voisins du Sud connaissent, en 2007, leur plus faible croissance de consommation en 15 ans, ce qui pourrait laisser des traces un peu partout à travers le monde. «L’essor de la Chine est en grande partie dû au fait qu’elle exporte ses produits aux États-Unis. Si les États-Unis consomment moins, ils vont aussi consommer moins de produits chinois. Si l’économie chinoise ralentit, le pays ralentira aussi sa demande de ressources naturelles.»

M. Lapointe avise qu’il sera probablement difficile de contourner les turbulences que subiront alors les marchés. «Les marchés s’attendent à ce que la Réserve fédérale américaine soit capable de faire un atterrissage en douceur, en baissant les taux juste assez vite pour que l’économie reparte de plus belle après. Ceci dit, ce n’est pas facile à faire.»

Le stratège croit donc qu’il faudra faire particulièrement attention aux secteurs de l’énergie et des matériaux. «Si ces deux secteurs subissaient un recul de rendement cette année, ils entraîneraient la Bourse canadienne au complet avec eux.» En effet, il met en garde: «La Bourse canadienne est devenue beaucoup plus risquée que par le passé. Son rendement se compare beaucoup plus aux marchés émergents qu’au S&P 500. Il y a cinq ans, le poids des ressources naturelles était autour de 25%. Maintenant, elles représentent 45% du TSX.»

Pour parer à ces risques, M. Lapointe recommande d’investir dans les secteurs anti-cycliques, peu influencés par un ralentissement économique comme l’alimentation, les entreprises pharmaceutiques et la santé. Financière Banque Nationale s’intéresse aussi au secteur public. «Ce secteur est très sensible au taux d’intérêt, indique le stratège de la société. Tant aux États-Unis qu’au Canada, on risque de voir des baisses de taux dès le début de 2007, ce qui serait positif pour le secteur public.»

De son côté, Luc Girard avance que le TSX et le S&P 500 devraient encore connaître une hausse en 2007, pouvant atteindre jusqu’à 13900 et 1511, respectivement. Il y va même de prédictions plus pointues en ce qui a trait à des titres qui pourraient offrir de bons rendements. «Dans les matériaux, on aime beaucoup Alcan et Hubbay Minerals(HBM), un titre dans le zinc et le cuivre.» Il indique aussi que les actions dans le secteur des télécommunications sans fil, comme Rogers Communications et Telus, représenteront de bonnes occasions d’affaires. «Le sans fil est vraiment dans un axe de croissance assez formidable pour les prochaines années. Le taux de pénétration des cellulaires est de 50 % au Canada, comparativement à 65 % au niveau américain.»

Le cancre de l’année 2007? Le secteur immobilier. «Surtout aux États-Unis, il faudra faire très attention aux secteurs où vous avez des prêteurs hypothécaires, avertit M. Girard, parce que le secteur immobilier a connu un sommet et la forte hausse des taux d’intérêt a mis en difficulté ces petites compagnies de prêteurs. Le facteur immobilier a alors fléchi.»

M. Lapointe explique ainsi la situation. Selon lui, les Américains se sont enrichis grâce à la forte hausse de valeur de leur maison dans les dernières années, les entraînant à consommer davantage. «Pendant sept ans, le rendement de la Bourse américaine avait été nul. Donc ce n’est pas d’elle que les Américains avaient tiré leur richesse, mais de leur maison. Aux États-Unis, il est possible de retirer directement sur la valeur de sa maison à partir d’une marge de crédit hypothécaire. Comme cette valeur augmentait, les gens s’en servaient un peu comme d’un guichet automatique.» Toutefois, comme la valeur des propriétés a commencé à diminuer, les consommateurs américains pourraient décider de «se serrer un peu plus la ceinture» en réduisant encore plus leur consommation.

Pour contrer ce déclin dans la consommation, Pierre Lapointe prédit que la Réserve fédérale baissera son taux d’intérêt de 5,25 % à 3,5 % d’ici la fin de l’année et que la Banque du Canada suivra en faisant passer son taux de 4,25 % à 3,5 %. Ces baisses «devraient être bénéfiques pour les marchés obligataires, indique-t-il. On prévoit qu’au Canada et aux États-Unis, les obligations 10 ans se transigeront en bas de 4% à la fin de l’année 2007.» Luc Girard abonde en ce sens. «On pense que les obligations Canada 10 ans devraient se situer vers les 3,7%.»

Par ailleurs, étant donné que les financières sont sensibles aux taux d’intérêt, M. Girard privilégie aussi le secteur des assurances pour 2007. À cause de leur plate-forme internationale, il nomme TD et la Banque Scotia comme étant les banques préférées de Valeurs mobilières Desjardins pour la nouvelle année, ainsi que l’assureur Manuvie implanté en Chine.

Quant aux taux d’inflation, grâce à un document produit par la Financière Banque Nationale, M.Lapointe prévoit que le taux canadien, qui était de 1,9 % en 2006, devrait diminuer autour de 1 % en 2007. Aux États-Unis, il devrait passer de 3,2 % à 1,5 %.

Mélanie Alain