Privilégiez les fonds communs, dit un vieux routier

25 septembre 2009 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Après une carrière de plus de 25ans dans l’industrie des services financiers, Joe Canavan a annoncé qu’il prenait sa retraite. Mais avant de tirer sa révérence au marché du travail, le président et chef de la direction de gestion de patrimoine Assante a tenu à exprimer quelques opinions.

En entrevue avec nos collègues du site web Advisor.ca, il a indiqué que l’industrie des services financiers avait grandement évolué au cours des dernières années. Ainsi, on se soucie davantage d’éduquer les investisseurs que de les inonder de matériel publicitaire, et on porte une attention nettement plus soutenu à mieux définir leurs besoins. Le temps où l’on vendait coûte que coûte afin d’améliorer ses bonis est révolu, estime Joe Canavan.

«Il y a 25 ans, l’industrie n’était qu’un groupe d’individus qui distribuaient des produits. Aujourd’hui, le professionnalisme est de rigueur. Je suis fier qu’on ait mis l’accent sur l’éducation», dit Joe Canavan.

L’importance accordée à la planification financière est également un sujet qui lui tient à cœur. Beaucoup de familles peuvent se briser parce qu’elles sont aux prises avec des pressions financières. L’une des tâches des conseillers consiste à éviter que les familles soient confrontées à ce type de problème. «Je sais ce cela semblé tiré par les cheveux, mais c’est ainsi que je perçois cette réalité», note Joe Canavan.

Des obstacles à venirBien que le métier ait avancé dans la bonne direction, il reste que l’industrie doit faire face à d’importants obstacles. Le projet du Forum conjoint des autorités de réglementation du marché financier d’imposer des documents de deux pages pour chacun des fonds que les consommateurs pourraient acheter indispose Joe Canavan au plus haut point.

«Ce sera un cauchemar administratifs pour les conseillers», lance-t-il. Ce projet, communément appelé «information au point de vente», part d’un bon sentiment, à savoir renseigner les consommateurs sur chacun des produits qui lui sont offerts. Mais dans la réalité, l’information au point de vente suscite des difficultés. En effet, il est prévu que ces documents standardisés devront obligatoirement être remis avant la vente. Cela signifie que les conseillers devront prévoir ce que leurs clients pourraient peut-être souscrire et, avant de les rencontrer, s’assurer que leur mallette contient tous les documents en question.

«Cela se traduira par une augmentation des frais, et je ne suis pas convaincu que les clients désirent avoir autant d’information», croit Joe Canavan.

L’arrivée de la TVH: un «crime»Autre sujet qui l’horripile: l’implantation de la taxe de vente harmonisée (TVH) qui devrait voir le jour en Ontario et en Colombie-Britannique. La TVH est une taxe unique qui combine la TPS et la taxe de vente provinciale. Plusieurs provinces canadiennes (mais pas le Québec) ont déjà adopté la TVH. Le hic pour l’industrie des services financiers, c’est que, contrairement aux taxes provinciales, la TVH s’applique aux fonds communs qui sont conçus dans les provinces où elle est en vigueur. Or, comme la presque totalité de l’industrie des fonds est concentrée en Ontario, l’ensemble des investisseurs canadiens se trouveraient à payer cette taxe, même s’ils résident dans des régions où il n’y a pas de TVH.

Joe Canavan qualifie de «crime» l’arrivée de la TVH. «Ce n’est qu’un stratagème pour pomper de l’argent, soit un demi milliard de dollars par année. Le gouvernement encourage les gens à investir, mais en même temps il s’organise pour tout récupérer.» Joe Canavan calcule que la TVH entraînera une hausse de 10% des frais de gestion des fonds communs, ou 20points de base sur des frais moyens de 2%.

Il a conclu son entretien en affirmant que la plupart des Canadiens devraient se contenter d’investir dans des fonds communs, car ils n’ont ni les moyens ni la tolérance au risque requise pour acheter directement des actions et des obligations. «Les fonds communs vous donnent accès à la crème des gestionnaires. Ce sont les superstars de l’investissement. Si le gouvernement continue à s’acharner sur les fonds communs, il va forcer les gens à faire des placements là où ils ne devraient pas.»