Protéger son portefeuille contre la volatilité des marchés

Par Ronald McKenzie | 6 février 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La saison des REER bat son plein au moment même où une série d’événements mondiaux risquent d’ébranler la confiance des investisseurs. Pensons à la crise financière en Europe, l’instabilité politique au Moyen-Orient ou aux désastres naturels, comme l’ouragan Sandy aux États-Unis.

Avant de prendre des mesures draconiennes qui peuvent affecter leurs placements à long terme, les investisseurs « pourraient poser certains gestes destinés à protéger leurs portefeuilles de la volatilité des marchés », dit Charles E. Martin, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez TD Waterhouse.

Des défis différents

M. Martin

En entrevue à Conseiller.ca, M. Martin a expliqué que les investisseurs font face à des défis différents de ceux qui existaient jadis et qui visent notamment la partie des revenus fixes de leurs portefeuilles.

Il y a une vingtaine d’années, rappelle-t-il, les titres à revenus fixe pouvaient générer des rendements de 10 %. Un portefeuille équilibré moitié-moitié en actions et en obligations pouvait voir sa composante actions chuter de 10 % au cours d’une année, reste que son propriétaire en était quitte pour un rendement nul, mais sans perte en capital.

Maintenant, les obligations ne paient guère plus de 2 %, tandis que les actions font toujours face à un recul possible de 10 %. Si ce scénario se concrétisait, les investisseurs dont les portefeuilles sont équilibrés moitié-moitié seraient frappés de plein fouet par le fléchissement de leurs actions.

« Ce risque potentiel n’a pas encore été ressenti, car les actions n’ont pas baissé. Mais cela va se produire éventuellement », prévient le spécialiste.

Autre défi à relever : la faiblesse de la croissance économique. Pendant de nombreuses années, nous avons été habitués à voir les PIB progresser de + 4 % en moyenne. Même avec un trimestre difficile, le risque de tomber en récession était très faible.

Ce n’est plus pareil aujourd’hui. Avec un taux de croissance annuel de 2 % environ, le spectre d’une récession peut surgir advenant une mauvaise passe de l’économie. « Non seulement le marché des actions peut réagir fortement, signale M. Martin, mais cela accroît la volatilité dans tous les instruments financiers. »

Investir dans des actions à dividendes de haute qualité

Afin de réduire la volatilité de leurs portefeuilles dans le contexte économique actuel, les investisseurs doivent faire deux choses, dit M. Martin. D’une part, il leur faut répartir adéquatement le risque de la composante revenu fixe de leurs placements. D’autre part, ils doivent se procurer des actions de grandes entreprises fortement capitalisées qui versent des solides dividendes avec régularité.

Par « solides », M. Martin parle de dividendes qui offrent un rendement de 3 %, sur une base annualisée, aux cours actuels. Au Canada, il cite la firme TransCanada Corporation, un important exploitant de gazoducs et d’oléoducs actif au Canada, aux États-Unis et au Mexique. « Le dividende sur les actions ordinaires de TransCanada génère un rendement de 3,6 % par année. C’est plus que ne rapporte une obligation ou un CPG d’obligations », estime M. Martin. Certes, le cours de l’action sera soumis à des fluctuations, mais, à long terme, il devrait s’apprécier.

Aux États-Unis, General Electric s’impose comme une sélection incontournable. Fondée en 1892, General Electric est la seule entreprise à faire encore partie du Dow Jones depuis que cet indice a été créé. Outre cette longévité remarquable, General Electric est présente dans une foule de secteurs de l’économie où elle occupe une position de leader. Le rendement de son dividende se chiffre à 3,3 %.

Les investisseurs à la recherche de revenus peuvent aussi opter pour les actions ordinaires des grandes banques canadiennes, qui versent un dividende de 4 % sur leurs actions ordinaires. M. Martin constate toutefois que plusieurs investisseurs possèdent des actions ordinaires de toutes les banques. C’est dangereux, dit-il, car cela va à l’encontre du principe de la diversification par secteur. Selon lui, en détenir une ou deux est suffisant.

Que pense-t-il des actions privilégiées des grandes banques canadiennes? Il indique que ce peut être un choix intéressant, « mais il faut bien les connaître », nuance-t-il. En effet, les actions privilégiées font partie d’un univers qui peut devenir rapidement complexe pour les profanes.

En effet, ces titres se déclinent en plusieurs catégories : actions privilégiées perpétuelles, rachetables au gré de l’émetteur, rachetables au gré du détenteur, à taux rajusté, etc. Chacune présentent des particularités qui offrent des avantages et des inconvénients. Dans le cas des perpétuelles et des rachetables au gré de l’émetteur, par exemple, les investisseurs ne seront pas nécessairement favorisés si les taux d’intérêt augmentent ou si l’émetteur décide d’exercer son option d’achat.

Assurément, les actions ordinaires sont plus simples à comprendre et à gérer.

Ronald McKenzie