Protégez vos profits avec des options

Par Ronald McKenzie | 17 octobre 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
6 minutes de lecture

Nul besoin de liquider vos positions pour réaliser des gains en Bourse. Voici trois stratégies d’options qui vous permettent de gagner tout en conservant vos titres, même à la baisse.

Vos clients qui détiennent des actions blue chip canadiennes ou des fonds négociés en Bourse (FNB) ont peut-être enregistré de solides gains sur papier au cours des derniers mois. Mais là, ils hésitent. Comme les Bourses naviguent de sommet en sommet et que les probabilités de correction augmentent, ils songent à vendre des positions afin de concrétiser leurs bénéfices.

Sauf qu’il peut être déchirant d’avoir à se départir de chevaux gagnants. En effet, les titres en question peuvent présenter encore beaucoup de potentiel à la hausse ou encore verser des dividendes attrayants. Dilemme!

Une façon de dénouer cette impasse consiste à utiliser des contrats d’options qui serviront à protéger les profits sans avoir à vendre les actions ou les FNB sous-jacents.

La beauté des options

  • Avant d’entrer dans le vif du sujet, voici quelques notions de base à se remémorer.
  • Les stratégies d’options ne conviennent pas à tous les investisseurs.
  • Les conseillers doivent fournir des informations complètes à leurs clients, notamment sur les principaux facteurs de risque liés à ces produits.
  • Les options sont des contrats qui offrent un effet de levier. Moyennant un petit investissement, il est possible de générer des rendements élevés.
  • Elles viennent à échéance à une date fixe qui peut être plus ou moins éloignée dans le temps. Lorsqu’elles échoient, elles ne valent plus rien.
  • La valeur des options est déterminée par plusieurs facteurs, dont la volatilité du cours de l’actif sous-jacent, le temps restant avant la date d’échéance, l’évolution des taux d’intérêt, etc.
  • La Bourse de Montréal offre des options sur près de 300 actions et une trentaine d’indices et de FNB.

La beauté des options réside dans leur capacité de s’apprécier quelle que soit la direction des marchés : à la hausse, à la baisse ou au neutre. Le défi pour l’investisseur consiste à choisir le bon type d’option (d’achat ou de vente) au bon moment. Comme avec des actions ou des FNB, on peut vendre des options à découvert afin de toucher des revenus immédiats. Nous y reviendrons.

Une stratégie de base

Pour comprendre l’utilité de ces produits, nous avons demandé l’aide de Jean-François Boivin, B.A.A., Pl. Fin., conseiller en placement et gestionnaire de portefeuille rattaché à la Financière Banque Nationale. La façon classique de « geler » le gain d’une action, dit-il, consiste à acheter une option de vente sur ce titre. « Cela fournit au client une protection contre les pertes tout en laissant intactes ses chances de profiter d’une hausse du cours de son action », explique M. Boivin. Voyons comment cela peut se traduire.

Le cas de Stéphane

Stéphane possède 1 000 actions de la société ABC. Il les a payées 40 $ chacune. Le titre se négocie maintenant à 50 $, pour un profit théorique de 10 000 $. Notre investisseur désire conserver ses 1 000 ABC en raison de leur potentiel à long terme. Mais voilà, il craint une correction au cours des mois à venir.

Afin de protéger sa position, Stéphane achète 10 contrats d’options de vente échéant dans trois mois. Il choisit des options dont le prix de levée est de 50 $, ce qui lui garantit de pouvoir vendre ses 1 000 ABC à 50 $ et de concrétiser son gain actuel de 10 000 $ si la correction se produit effectivement. La prime à payer pour ces options est de 2 000 $, soit 200 $ par contrat.

Que se passera-t-il à l’échéance des options si le cours d’ABC fléchit? Et si au contraire il monte? Le tableau Comment Stéphane s’en tire résume la situation.

Comme on peut le constater dans la colonne « Résultat net », Stéphane rentabilisera sa stratégie d’options.

Hausse du cours d’ABC : gain sur les actions Certes, ce gain est réduit de la prime versée pour les options de vente, mais c’est le prix à payer pour se procurer une assurance contre une éventuelle chute du cours.

Baisse du cours d’ABC : gain sur les options de vente À mesure que le cours des actions recule, celui des options augmente. Pour que Stéphane réalise un gain sur ses options de vente, il doit les vendre avant qu’elles n’arrivent à échéance.

D’autres façons de protéger ses profits

M. Boivin signale que Stéphane aurait pu employer d’autres stratégies de protection. En voici deux.

Financer une partie de la prime des 10 options de vente « Au moment même où il achetait ses 10 options de vente, notre investisseur aurait pu vendre 10 options d’achat sur ABC. La prime reçue aurait payé une partie de celle versée pour les 10 options de vente. »

Vendre des options d’achat au lieu d’acheter des options de vente Anticipant un repli du cours d’ABC, Stéphane choisit de vendre des options d’achat afin d’empocher la prime sur-le-champ. Si effectivement le cours d’ABC s’affaiblit, la valeur des options d’achat diminuera. À l’échéance, elles ne vaudront plus rien. Stéphane conservera alors la totalité de la prime reçue, qui amortira le recul du cours d’ABC.

M. Boivin aime bien cette stratégie. « Dans la majorité des cas, les options vendues ne sont pas exercées. Elles échoient à 0 $. La prime reçue demeure dans le compte. Au contraire, quand l’investisseur achète une option, il doit débourser de l’argent. Il augmente alors ses chances de perdre. »

S’il tombait dans la minorité des investisseurs dont les options se font exercer, que se passera-t-il ? Eh bien, Stéphane serait tenu de livrer les actions au prix d’exercice de ses options d’achat. Comme il les a en compte, il n’aurait qu’à les transférer à la Corporation canadienne de compensation de produits dérivés, l’organisme qui administre les transactions d’options. Mais s’il ne détient pas les actions, il devrait alors les acheter au cours du marché avant de les livrer. Sa perte pourrait donc être élevée.

« Il existe des moyens de limiter une perte potentielle. Quand l’investisseur constate que le marché joue contre lui, il peut simplement fermer sa position en rachetant ses options d’achat avant de se faire exercer. Il peut aussi acheter des options de vente qui prendront de la valeur avec la baisse du cours de l’action sous-jacente. Ainsi, les pertes subies avec les options d’achat seront partiellement compensées par les gains sur les options de vente », indique M. Boivin.

Ces trois stratégies ne sont qu’un échantillon des possibilités qu’offrent les options. Le site de la Bourse de Montréal en décrit de nombreuses autres, des plus simples aux plus complexes. L’organisme propose également des journées de formation et des ateliers pratiques sur les options. Pour davantage d’information, visitez le www.m-x.ca.

Ronald McKenzie