Quel avenir pour la profession?

Par Hélène Roulot-Ganzmann | 22 mai 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Réunis sur scène juste avant l’heure du dîner, les conférenciers du congrès de l’Association professionnelle des conseillers en services financiers (APCSF) ont pu préciser leur pensée et compléter leur communication lors d’un panel haut en couleur animé par le rédacteur en chef de Conseiller, Yves Bonneau.

« Il y a quelques années, j’ai écrit qu’en 2040, il serait aussi difficile d’avoir accès à un conseiller que ça l’est aujourd’hui avec un médecin de famille, a-t-il rappelé en introduction au panel. Les conseillers sont mal représentés sur le plan politique. Résultat, la population ne sait pas à quoi ils servent, pourquoi ils sont importants. Il est nécessaire aujourd’hui que vous vous regroupiez, que vous vous intéressiez à votre profession, que vous la promouviez. Il en va non seulement de votre avenir, mais aussi de celui de l’économie et de la société québécoises. »

M. Bonneau s’est ensuite tourné vers le président de l’APCSF, Flavio Vani, pour qu’il explique en quoi le modèle de relation client conseiller (MRCC 2) avantageait les grandes institutions de dépôt par rapport aux petits cabinets indépendants.

« Les institutions financières contrôlent à la fois l’émission et la diffusion de produits financiers, répond-il. Elles peuvent très bien changer une série de conditions, notamment baisser la commission de suivi puisque l’organisme de placements est dans leurs mains. Ça ne change rien pour elles. Mais pour le client, ce sont des frais qui n’apparaîtront pas dans les rapports qu’on nous demande de fournir. Nous, conseillers indépendants, on vend les produits qu’on nous donne. On ne peut pas les modifier.»

Transformer une contrainte en atout

Autre thématique abordée durant le panel, la formation à cette nouvelle réglementation. Robyn Mendelson, vice-présidente conformité de Fidelity Investments, explique qu’eux, entraînent leur équipe de vendeurs.

« Ce n’est pas facile de rester au fait des derniers règlements, souligne-t-elle. Il y a tellement de normes qui changent et qui vont encore changer. On transmet les inquiétudes de nos conseillers au législateur. On affiche un bon nombre de commentaires et de documents en ligne. On répond à beaucoup de questions. Et on espère que tout le monde sera prêt lorsque la prochaine phase du MRCC 2 va entrer en vigueur à la fin de l’année. »

Harold Geller, avocat chez McBride, Bonde, Christian LLP, conseille quant à lui de tenter de transformer ce qui peut apparaître de prime abord comme une contrainte, en un atout.

« Lisez bien tous les formulaires qui vont vous être remis pour savoir exactement ce qui est demandé et donc ce que vous allez avoir à présenter à vos clients, recommande-t-il. Les clients savent que vous allez devoir leur fournir une meilleure information. Ils vous attendent là-dessus. Montrez-leur que vous connaissez bien votre sujet. Surprenez-les. Ils vous écouteront d’autant mieux. »

Fonds d’indemnisation

Sans pouvoir rapporter ici la totalité des échanges qui ont eu lieu durant ce panel intense et captivant, soulignons qu’il a aussi été question du fonds d’indemnisation, Yves Bonneau faisant notamment valoir l’incohérence, selon lui, de le voir capitalisé par les conseillers eux-mêmes.

«Comme si les vendeurs de voitures devaient capitaliser le fonds d’assurance automobile du Québec parce qu’ils vendent des produits potentiellement dangereux», ironise-t-il.

Une autre preuve s’il en fallait selon les panélistes, du soupçon de conflit d’intérêt dont les conseillers sont la cible de la part des régulateurs.

«À leurs yeux, Le client a toujours raison même lorsqu’il a tort», lâche Claude Di Stasio, vice-présidente affaires québécoises de l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP).

Si vous avez des questions concernant le fonds d’indemnisation, le MRCC 2 ou tout autre sujet qui vous préoccupe, écrivez à Yves Bonneau (yves.bonneau@rogers.rci.com). Il se fera un plaisir de demander des réponses claires à qui de droit.

Notre couverture du congrès :

Hélène Roulot-Ganzmann