Quelle est votre meilleure décision de placement?

26 août 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Déplorant la prolifération de sites Internet promus par des pseudos-conseillers en finances, Morningstar Canada a demandé à ses propres spécialistes quelle a été leur meilleure décision de placement jamais prise.

« Je m’attendais à des réponses sans complaisance s’articulant autour de produits dérivés ou de fonds spéculatifs, ou peut-être même une histoire d’achat ou de vente de dernière minute faisant étalage de leur génie financier. Mais les réponses que j’ai reçues ont été honnêtes et mûrement réfléchies, et n’avaient pas nécessairement à voir avec le marché boursier », rapporte Ashley Redmond, qui a réalisé les entrevues pour Morningstar Canada.

Cinq experts de la firme d’information financière ont témoigné de leur coup le plus fumant, quelquefois dans un esprit bon enfant.

Salman Ahmed, analyste de fonds Son meilleur investissement fut l’achat d’actions de SNC-Lavalin, qu’il détient toujours. « Il m’avait fallu évaluer cette compagnie pour un cours d’investissement à l’université. Peu importe le degré de prudence que j’incorporais à mes hypothèses, son évaluation paraissait convaincante, mais mon professeur m’a dit que j’avais grossièrement surévalué cette société », dit-il. Il a donc resserré son analyse en visitant le siège social de l’entreprise montréalaise, assisté à des entretiens avec la direction et participé à une réunion d’actionnaires. Sa confiance dans SNC-Lavalin n’en fut que renforcée. Convaincu du potentiel de la firme d’ingénierie, il a acheté des actions. Bien vu : en six ans, le cours de SNC-Lavalin a presque triplé.

Adam Fisch, analyste de fonds « Contrairement à mon collègue Salman, j’ai fait terriblement peu de recherches avant de décider de choisir [l’action de CF Industries Holdings] après qu’elle a coulé à pic vers la fin de 2008 », affirme Adam Fisch. C’est qu’il ne voyait aucune raison pour que producteur américain de fertilisants subisse une telle raclée, si ce n’est la peur générale. « Cette action se négociait au rabais par rapport à ses semblables, et j’avais lu que la demande d’engrais était en hausse, et j’avais donc confiance dans cette industrie », précise Adam Fisch. L’action CF Industries Holdings a presque doublé entre le moment où il l’a achetée et celui où il l’a vendue, moins d’un an plus tard. Le vieil adage a du vrai : parfois il vaut mieux être chanceux que bon, philosophe-t-il.

Alastair Kellett, analyste principal de fonds Ne rien faire entre la fin 2008 et le début 2009, au plus fort de la crise économique, voilà la meilleure affaire qu’a réalisée Alastair Kellett au cours de sa carrière. Pourtant, l’apocalypse financière semblait à nos portes et des observateurs prédisaient que l’indice Dow Jones chuterait à 1 000 points (il se situait à 11 200 points au moment de mettre en ligne). Certes, Alastair Kellett était secoué par la rudesse de l’effondrement, mais, dans l’ensemble, il a résisté « à la tentation de trop tripatouiller ce que j’avais en portefeuille à ce moment-là ». Heureuse décision : il a pu ainsi protéger sa base d’actifs et la développer pendant une période extrêmement difficile.

Brian O’Neill, directeur adjoint, analyse de fonds « Ma maison, que ma femme et moi avons achetée à coups de surenchères bien malgré nous dans les temps fastes de 2007, en faisant fi des conditions et moyennant une hypothèque si élevée qu’elle a déclenché une nausée semi-permanente. » Bien que le couple ait englouti d’importantes sommes d’argent en intérêts hypothécaires, impôts fonciers, services publics, travaux et rénovations, il estime avoir gagné «pas mal d’argent», sur papier du moins. « Je ne pourrais pas être plus surpris par ce développement, en particulier au vu de la tourmente mondiale des marchés qui a suivi. Quelqu’un veut acheter ma maison? », demande-t-il.

David O’Leary, directeur de l’analyse de fonds Mon meilleur investissement est la location d’un enregistreur vidéo personnel (PVR) chez mon câblodistributeur. Pour avoir la fonction PVR, je paie 12 $ par mois, ce qui me permet d’enregistrer tout ce que je veux à la télé. En plus de la souplesse de ne pas avoir à planifier mon emploi du temps en fonction de mes émissions télévisées favorites, le plus grand avantage est que je gagne beaucoup de temps », dit-il. Grâce à son PRV, David O’Leary peut sauter les publicités et de gagner un temps précieux. En tenant compte de ses habitudes de consommation télévisuelle, il estime qu’il économise 63,6 heures par an où il évite de regarder des réclames. « Si nous donnons à mon temps une certaine valeur monétaire, il est assez facile de voir que je génère ici un rendement annualisé plutôt énorme », soumet-il. Pour être prudent, il facture son temps au salaire minimum horaire actuel, qui est de 10,25 $ en Ontario. « À ce tarif, je pourrais gagner 651,90 $ pour mes 63,6 heures de temps économisé, ce qui me laisserait avec un rendement annualisé de 353 % », calcule-t-il.