Rapide progression des hypothèques non traditionnelles au pays

11 octobre 2006 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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(11-10-2006)L’économiste Benjamin Tal, de Marchés mondiaux CIBC, constate que les institutions financières déploient des trésors d’imagination afin de gagner des parts de marché dans le secteur des hypothèques résidentielles.

Dans un rapport publié mardi dernier, il a souligné que l’offre d’hypothèques non traditionnelles a progressé de 50 % durant premier semestre de 2006, comparativement à la même période de 2005. Ce type particulier d’hypothèques aurait permis à 85000 ménages canadiens de devenir propriétaires d’une première maison.

Une hypothèque non traditionnelle est un prêt accordé aux consommateurs sans qu’ils soient tenus de verser un seul sou d’acompte, ou encore dont la période d’amortissement excède 25 ou 30 ans. La semaine dernière, la Banque Scotia est entrée dans ce segment de marché en lançant le Programme hypothécaire 100 %. Ce produit permet aux acheteurs admissibles et capables de rembourser leurs prêts, mais n’ayant pas encore épargné l’acompte minimum standard de 5 %, d’acheter une maison « sans délai tout en bénéficiant de produits et d’échéances hypothécaires à prix avantageux », a souligné alors la Scotia.

Benjamin Tal note que, au pays, les hypothèques non traditionnelles ne représentent encore que 5 % du marché. Cependant, elles vont croître au rythme annuel de 20 % au cours des cinq prochaines années. En 2011, prédit-il, quelque 540000 ménages posséderont une maison par le biais de ces prêts. Par comparaison, 22 % des hypothèques consenties actuellement aux États-Unis sont de type non traditionnel.

Selon Benjamin Tal, les institutions financières s’exposent à des risques calculés en proposant des hypothèques financées à 100 % ou amorties sur 40, voire 50 ans. Aux États-Unis, dit-il, 70 % des consommateurs qui ont recours à ces hypothèques ont un solide dossier de crédit et se seraient qualifiés pour obtenir un prêt courant. S’ils optent pour cette solution, c’est parce qu’ils font affaire, notamment, avec des courtiers en hypothèques qui poussent le marché à lancer des produits novateurs.

Mais il reste quand même 30 % de consommateurs problématiques: leur dossier de crédit est peu reluisant, leur base d’actifs est plutôt mince, leurs dettes sont élevées et leurs sources de revenus demeurent imprévisibles. Évidemment, ils sont davantage sensibles aux aléas de l’économie. Le moindre ralentissement peut avoir une forte répercussion négative sur leurs finances personnelles.

Benjamin Tal souligne qu’ils présentent un risque de défaut de paiement six fois supérieur à celui des consommateurs disposant d’un bon dossier de crédit. En outre, ils seraient responsables des deux tiers des pertes encourues dans le secteur des hypothèques non traditionnelles.