Record de liquidités au Canada

Par La rédaction | 27 janvier 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les Canadiens détiennent des montants records d’argent liquide et continuent d’en mettre de côté à un rythme inégalé en plus de quatre ans, selon un rapport publié hier par la CIBC.

Intitulé Cashing In On Fear (en anglais seulement), le document révèle que ceux-ci sont inquiets de la volatilité des marchés et que, en date de décembre 2015, ils s’étaient constitué une réserve de liquidités s’élevant à 75G$.

Or, ce surplus de fonds, qui aurait normalement dû être investi sur les marchés, « pourrait leur coûter des millions de dollars en rendements boursiers perdus », souligne la banque.

« Jamais auparavant nous n’avions été témoin d’une création de réserve en espèces de cette taille, observe Benjamin Tal, économiste en chef adjoint, Marchés mondiaux CIBC et coauteur du rapport. À plus grande échelle, l’économie canadienne est pénalisée parce que les capitaux ne sont pas distribués d’une manière efficace. »

CROISSANCE RAPIDE

Depuis la crise financière de 2008, les réserves de liquidités des Canadiens ont beaucoup augmenté et, à leur niveau actuel, elles représentent près de 10 % de la valeur totale de l’ensemble des actifs liquides personnels au pays.

Au cours de la seule année écoulée, les positions en liquidités ont grimpé de plus de 11 %, ce qui représente la croissance la plus rapide depuis le début de 2012.

Les conditions de placement sont rendues difficiles en raison du pessimisme des investisseurs étrangers à l’égard du Canada, combiné à la volatilité récente des marchés boursiers dans le monde, d’après le rapport.

« UN FREIN POUR LES RENDEMENTS »

« Comme ils l’ont fait dans le passé, les investisseurs canadiens utilisent la volatilité actuelle des marchés comme prétexte pour laisser les liquidités s’accumuler dans leurs comptes de chèques et leurs comptes d’épargne », estime Benjamin Tal.

Tous les particuliers, autant les jeunes que les plus âgés, ont augmenté la pondération des liquidités au sein de leur portefeuille. Curieusement, les moins de 35ans, qui ont encore un grand nombre d’années à travailler avant la retraite, détiennent deux fois plus de liquidités que les 65 ans et plus, soit environ 33 % contre 15 % respectivement.

« Bien qu’une position en liquidités puisse aider à se protéger contre les pics de volatilité à court terme, elle constitue sans contredit un frein à long terme pour les rendements d’un portefeuille », affirme Benjamin Tal.

NE PAS GARDER TROP LONGTEMPS

La CIBC rappelle ainsi que « lors de la correction d’octobre 1987, qui a duré deux mois, les investisseurs ont étoffé leur position en liquidités pendant 18 mois après le repli, période pendant laquelle le marché boursier a rebondi de plus de 20 % ».

De même, « après la ruée vers les titres sûrs de 2001, les positions globales en liquidités ont explosé de plus de 30 % mais, encore une fois, les investisseurs ont négligé d’ajuster leur position lorsque le marché s’est redressé et ils ont maintenu des niveaux inégalés de liquidités alors qu’un marché haussier s’installait au début de 2003 ».

« On peut comprendre la popularité des liquidités en période de volatilité; le problème, c’est que les Canadiens maintiennent leur position en liquidités beaucoup trop longtemps après le redressement des marchés », déplore Benjamin Tal.

VENDRE SES PLACEMENTS AU PIRE MOMENT

Et ce qui est « encore plus inquiétant que le fait de détenir des liquidités à long terme », poursuit-il, c’est qu’ils le font souvent dans de mauvaises conditions, poursuit-il, puisque « la réaction habituelle est de vendre ses placements au pire moment ».

Au cours des cinq dernières années, fait remarquer la CIBC, l’indice de la volatilité du S&P/TSX, un indicateur de l’anxiété des investisseurs, a été supérieur à 20 à huit reprises. Pourtant, dans les 90 jours qui ont suivi le pic, l’indice composé S&P/TSX dégageait un rendement moyen de 9 %.

« En nous appuyant sur les données relatives aux dépôts personnels, nous savons que les Canadiens répondent aux chocs négatifs en se réfugiant dans les liquidités. Or, ce rééquilibrage signifie que les investisseurs achètent à prix fort et vendent à bas prix », conclut Benjamin Tal.

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