Réforme de retraite : s’inspirer de l’expérience chilienne

Par Alexandre Daudelin | 20 mai 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
3 minutes de lecture

Le Québec devrait réformer son système public d’épargne-retraite en s’inspirant de l’expérience chilienne, plutôt que de proposer une nouvelle hausse des cotisations payées par les travailleurs, propose Éric Duhaime, titulaire d’une maîtrise en administration publique de l’ÉNAP et consultant en développement démocratique, dans une Note économique publiée par l’Institut économique de Montréal (IEDM).

M. Duhaime considère que la meilleure façon de garantir l’avenir de l’épargne-retraite des jeunes Québécois d’aujourd’hui serait – tout en garantissant les prestations des retraités actuels comme l’a fait le Chili – de donner la liberté aux travailleurs toujours actifs de choisir d’investir pour leurs vieux jours dans leur propre compte d’épargne-retraite plutôt que de les obliger à compter sur la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Cotiser plus pour obtenir autant La situation financière du Régime des rentes du Québec est devenue de plus en plus précaire en raison de la hausse de l’espérance de vie, du faible taux de natalité et de la croissance des salaires plus lente qu’anticipée. En conséquence, les taux de cotisation ont été augmentés à 9,9 % depuis 2003. Les générations futures risquent donc d’être obligées de cotiser beaucoup plus que leurs aînés pour n’avoir droit qu’à des prestations comparables ou possiblement moindres.

Au taux actuel, la réserve du RRQ diminuera à compter de 2023, pour être complètement vide en 2037 selon les plus récentes estimations actuarielles. Les pertes historiques enregistrées par la Caisse de dépôt et placement du Québec en 2008, notamment, ont ramené la date fatidique à 2037 alors qu’on pensait auparavant que la réserve se viderait en 2051.

Il ne reste plus que trois travailleurs pour chaque retraité aujourd’hui. Cette proportion ne sera plus que de deux travailleurs par retraité en 2020. Or, un système comme celui du RRQ implique que le nombre de travailleurs soit beaucoup plus important que le nombre de retraités. Dans le cas contraire, les travailleurs doivent supporter un fardeau trop lourd pour maintenir le régime à flot.

Redonner le contrôle aux travailleurs Il y a 30 ans, le Chili éprouvait des problèmes semblables et il a entrepris alors une réforme misant sur les vertus de la responsabilité individuelle. Le ministre du Travail de l’époque a alors remplacer le système public de régime de retraite par un système de capitalisation et de comptes d’épargne-retraite individuels, où chaque travailleur dispose de son compte, géré par des gestionnaires privés de fonds communs de placement autorisés à gérer ces comptes d’épargne-retraite dans le cadre de règles strictes fixées par l’État.

Le travailleur choisit donc librement ses fonds et ses administrateurs parmi ceux qui ont été approuvés, en fonction de sa tolérance au risque, de son âge, de sa sécurité financière, de sa famille.

Aujourd’hui, 95 % des travailleurs chiliens sont couverts par le nouveau système. Au cours des 26 premières années suivant son entrée en vigueur, le rendement annuel des épargnants, en tenant compte de l’inflation, s’est élevé à 10,3 %. Il s’agit donc d’une solution intéressante à envisager pour le Québec.

Alexandre Daudelin