Rembourser ses dettes n’est pas toujours la bonne solution

Par La rédaction | 23 février 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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« Choisir de rembourser une dette, au détriment de l’épargne-retraite, est souvent une décision émotive qui n’a rien à voir avec la logique », selon Jamie Golombek, directeur gestionnaire, Services consultatifs à Gestion privée de patrimoine CIBC.

Pourtant, 72 % des sondés Canadiens favoriseraient cette attitude, révèle le rapport Prêts hypothécaires ou piña coladas : Mettez-vous votre retraite à risque lorsque vous choisissez de rembourser vos dettes?, publié par la CIBC. Un choix qui pourrait en fait leur coûter cher.

« Vous ne vous rendrez pas forcément service en précipitant le remboursement de votre dette à un moment où les taux d’intérêt hypothécaires sont au plus bas, a déclaré M. Golombek. Si vous êtes prêt à tolérer un certain risque dans votre portefeuille de placement, vous pourriez réaliser un gain supplémentaire de dizaines de milliers de dollars en investissant vos fonds disponibles dans un REER ou un CELI. »

Jamie Golombek

L’étude attribue cette volonté d’être libre de dettes à « un désir émotionnel ancré dans la psyché des Canadiens », volonté qu’un autre récent sondage CIBC plaçait d’ailleurs en tête de classement des priorités financières pour 2015.

Plus de femmes optent pour le remboursement

Comment les consommateurs considèrent-ils la question? Quels sont leurs objectifs à cet égard? Existe-t-il des disparités entre les sexes? Le rapport apporte les données suivantes pour répondre à ces questions :

• 72 % des sondés privilégieraient le règlement de dettes à la contribution à un REER si des sommes supplémentaires étaient disponibles; • 56 % visent l’absence d’endettement, synonyme de tranquillité d’esprit; • 20 % se considèrent surendettés et visent à leur remboursement; • 11 % disent préférer le règlement d’une dette à une cotisation à un REER, le taux d’intérêt sur leur emprunt étant jugé trop élevé; • 75 % des femmes utiliseront les sommes disponibles pour régler leurs dettes, par rapport à 69 % des hommes. • 74 % des 35 à 54 ans (années de rémunération maximale) optent pour le remboursement des dettes par rapport à la cotisation à un REER.

Comprendre l’avantage de l’épargne

Selon le rapport, une comparaison du gain potentiel découlant de l’épargne à long terme dans un REER ou un CELI à celui obtenu à la suite du règlement d’une dette permettrait une compréhension globale des impacts de divers taux marginaux d’imposition.

Des exemples sont ainsi proposés à partir d’un contexte d’excédent de revenus avant impôt de 2500 $ par année, d’un indice de rendement des placements à long terme de 6 % dans un REER ou un CELI, et d’un taux de 3 % sur le prêt hypothécaire et un horizon de 30 ans.

Conclusions :

  • à un taux marginal d’imposition de 30 % (cotisation et décaissement), l’investissement de l’excédent de revenus se traduira par une hausse de valeur nette de 146 700 $ après 30 ans;
  • si le même excédent est injecté dans le règlement d’une dette, le gain ne se chiffrera qu’à 85 800 $. « Dans cet exemple, la personne aurait 60 900 $ de plus dans 30 ans en investissant chaque année dans un REER ou un CELI, en supposant un taux d’imposition constant », note Jamie Golombek.
  • si le taux marginal d’imposition actuel du contribuable est de 30 %, il pourrait être revu à 20 % lors du décaissement, le gain réalisé dans un REER se chiffre alors à 167 600 $, à 146 700 $ dans un CELI et à 85 800 $ à la suite du remboursement de la dette.
  • dans le cas contraire, soit d’une hausse à 40 % du taux marginal d’imposition à la retraite, on recommande alors le CELI par rapport au REER.

Toujours selon le rapport, un contribuable très endetté, incapable d’absorber une hausse de taux hypothécaire, devrait concentrer ses efforts au remboursement de ses dettes. « Lorsque le taux de rendement sur l’investissement dépasse le taux d’intérêt sur la dette, l’investissement dans un REER ou un CELI est le meilleur choix », note M. Golombek.

La principale raison pour laquelle les Canadiens estiment qu’il est préférable de rembourser ses dettes que d’investir dans un REER :
Je recherche la liberté financière associée à l’absence d’endettement 56 %
J’ai trop de dettes actuellement et je veux les rembourser 20 %
Le taux d’intérêt sur mes emprunts est trop élevé 11 %
Je crains une hausse imminente des taux d’intérêt sur la dette 5 %
Autres 8 %
La principale raison pour laquelle les Canadiens estiment qu’il est préférable d’investir dans un REER que de rembourser ses dettes :
Je profite des avantages fiscaux des REER telle la diminution du revenu imposable 38 %
Je m’assure d’avoir assez d’argent pour prendre ma retraite 24 %
Le taux d’intérêt sur ma dette est bas, donc elle ne coûte pas cher 14 %
Je peux obtenir un bon taux de rendement avec mon REER 11 %
Autres 14 %


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