Marchés étrangers : respectez les limites de vos compétences

Par La rédaction | 6 mars 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Pieds franchissant une limite peinte sur la chaussée.
Photo : Komkrit Suwanwela / 123RF

Il est important de connaître ses limites et de les respecter. S’il s’agit d’un principe de vie, ce conseil est tout aussi valable pour les professionnels du milieu financier. Si vous n’avez pas l’expertise nécessaire pour investir dans un marché étranger, abstenez-vous de le faire, car cela pourrait se retourner contre vous.

Il peut être tentant, particulièrement en ce moment alors que la croissance économique canadienne connaît une faible progression, de se tourner vers d’autres marchés.

La Chine pourrait ainsi attirer la convoitise de nombreux investisseurs. Bien qu’il  connaisse aussi un ralentissement économique, le pays vise une croissance de 6 à 6,5 %, rien à voir avec le 1,7 % attendu au Canada et les 2,3 % aux États-Unis, selon les prévisions 2019 de la Banque Nationale.

« La première règle en matière de pêche a toujours été : pêcher là où il y a du poisson », affirme Charlie Munger, président du Daily Journal Corporation et vice-président de Berkshire Hathaway, la célèbre société d’investissement de Warren Buffett. Toutefois, il ne sert à rien de pêcher dans un bassin dont on ne connaît rien, où il y a déjà de nombreux pêcheurs qui eux ont de l’expérience.

En regardant la situation en Chine, Charlie Munger affirmait ainsi : « Nous sommes comme des pêcheurs de morues qui essaient de pêcher là où le poisson a déjà été pêché. Vos efforts importent peu quand il y a autant de concurrence. »

Charlie Munger n’a pas tort. Il se peut qu’il y ait plus d’occasions de rendement sur les marchés orientaux qu’en Amérique du Nord, mais il est fort probable que les investisseurs américains ratent des occasions car ils connaissent trop peu ces marchés.

DE TROP NOMBREUSES BARRIÈRES

Le marché chinois présente plusieurs barrières pour les investisseurs américains. Premièrement, il y a l’énorme problème de la langue. Un investisseur qui décide de se lancer dans le marché d’un pays duquel il ne comprend pas la langue dans laquelle les affaires sont menées fait face à un désavantage important, voire insurmontable, fait valoir Larry Sarbit, PDG des services conseil Sarbit, dans un article du Financial Post.

Même si un traducteur vous accompagne, vous risquez de manquer certaines informations qui pourraient s’avérer essentielles par la suite. Une mauvaise compréhension peut également mener à une conclusion erronée, ce qui pourrait entraîner une perte de capital.

Ensuite, il y a un grand écart culturel entre l’Ouest et l’Est. Si vous ne connaissez pas la culture chinoise et que vous ne comprenez pas comment ce peuple se comporte avec les habitants d’autres parties du monde, vous allez encore passer à côté d’informations vitales.

Sans compter les différences énormes dans les structures gouvernementales et juridiques entre la Chine et l’Amérique du Nord. La démocratie et la primauté du droit sont les fondements principaux des États-Unis et du Canada, mais ce n’est pas le cas en Chine. Comment investir dans des sociétés dont vous ne comprenez pas les structures?

Si toutefois vous voulez investir dans un pays qui est aussi loin que le vôtre de par sa distance géographique, sa culture et sa langue, c’est possible. Mais cela passe par un partenariat avec des entreprises qui ont fait le gros du travail en sachant avec qui elles traitent, où que ce soit.

Terminons finalement avec une citation du PDG de Berkshire Hathaway : « Si nous avons une force, c’est de reconnaître quand nous agissons bien dans notre cercle de compétences et quand nous approchons du périmètre, écrivait Buffett dans la lettre du président de Berkshire Hathaway en 1999. Si nous nous écartons, ça sera par inadvertance, pas parce que nous sommes devenus agités et avons substitué l’espoir à la rationalité. »

La rédaction