Retraite des hauts dirigeants: un boulet pour les entreprises

15 mai 2007 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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(15-05-2007)Une enquête du Globe and Mail révèle que les retraites dorées dont jouissent les cadres supérieurs des grandes entreprises canadiennes créent d’importantes obligations financières pour celles-ci.

Par exemple, Ed Clark, pdg de Groupe financier Banque TD, aura droit à une rente annuelle de 2,5 millions de dollars lorsqu’il partira à la retraite. « C’était une priorité de retenir M. Clark en raison du leadership exceptionnel qu’il exerce », a expliqué le porte-parole de TD au Globe and Mail. Mais pour verser cette pension à long terme, la Banque TD doit prévoir une provision de 27,4 millions de dollars.

Même scénarioà la Financière Manuvie, où le pdg Dominic d’Alessandro est assuré de partir à la retraite avec une rente annuelle de 3 millions de dollars, qui devra être financée par une un capital de 25,3 millions de dollars.

Plus près de nous, Réal Raymond, de la Banque Nationale, touchera 1,2 million de dollars par année lorsqu’il quittera l’entreprise. Il en coûtera 16,4 millions à la Nationale. Quant à l’Industrielle Alliance, elle devra se constituer une réserve de 7,2 millions de dollars pour payer la pension de son pdg Yvon Charest, qui touchera un peu plus de 1 million de dollars par année lorsqu’il tirera sa révérence.

Le Globe and Mail a puisé ces données dans les circulaires de procuration des entreprises pour l’exercice financier de 2006. La divulgation de ces informations est volontaire, de sorte que plusieurs sociétés cotées en Bourse se tiennent coites à ce sujet. En tout, le Globe a scruté les documents de 255 firmes.

En réponse aux nombreuses questions des journalistes du quotidien, les entreprises visées ont toutes souligné que de telles compensations étaient concurrentielles avec ce qui se pratique dans des secteurs comparables en Amérique du Nord.

À la Corporation Financière Power, on justifie la future pension du pdg Robert Gratton(2,7 millions par année)par sa performance à la tête de l’entreprise. Depuis les 18 années qu’il dirige Corporation Financière Power, la société a généré un rendement annuel moyen de 20,4 %. Un investisseur qui aurait acheté pour 100 $ d’actions au début du règne de Robert Gratton disposerait aujourd’hui de 2540 $, a dit le porte-parole de Corporation Financière Power.

On pourrait comprendre que de tels états de service soient généreusement récompensés. Mais le Globe rappelle que, en plus de sa rémunération normale, Robert Gratton a empoché 214 millions de dollars en 2003 et en 2004 après avoir exercé des lots d’options, et qu’il lui en reste encore pour 120 millions de dollars. Qui s’ajouteront à sa rente, faut-il le préciser.

Le professeur Michel Magnan, de l’Université Concordia, fait remarquer que la bonification des retraites des hauts dirigeants se produit souvent lorsque l’entreprise a connu une année exceptionnelle. « On peut arguer que le président mérite d’être bien traité en raison de cette année exceptionnelle. Mais j’ai de la difficulté à saisir la logique de ce raisonnement. Pourquoi devrait-il être avantagé toute sa vie pour une seule bonne année? » demande-t-il.

Pour lire l’article du Globe and Mail(en anglais), cliquez ici