Revenir à une meilleure répartition d’actifs

Par Ronald McKenzie | 2 octobre 2009 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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«Les gens doivent revenir à la base. Plusieurs d’entre eux avaient de mauvaises répartitions d’actifs. Quand la crise financière et boursière est arrivée, ils ont subi des pertes importantes.» En entrevue à Conseiller.ca, Daniel Racette a donné ses impressions sur les perspectives des marchés pour 2010 et expliqué pourquoi certains investisseurs ont été plus durement frappés que d’autres par la crise financière.

De manière générale, le vice-président, région du Québec, à Groupe Gestion privée Scotia manifeste de l’optimisme vis-à-vis des marchés. «L’économie mondiale montre des signes positifs de reprise. Seulement, ce sont de nouveaux joueurs qui vont nous sortir de la récession», dit-il.

Traditionnellement, les foyers de croissance venaient de l’Amérique du Nord et de l’Europe. Mais cette fois, ce seront la Chine, l’Inde et les pays émergents qui feront office de locomotive. C’est une bonne nouvelle pour le Canada. «La corrélation est très étroite entre la demande pour les ressources naturelles et l’économie canadienne», souligne Daniel Racette. Or, la Chine et les pays émergents sont de formidables consommateurs des produits de base dont regorge le Canada. La vigueur économique de ces pays a donc un effet d’entraînement sur la santé de l’économie canadienne. «D’ailleurs, le Canada a connu une récession d’exportation plutôt qu’une récession domestique, contrairement à ce qui se produit aux États-Unis», précise-t-il.

Pour ce qui est du Québec, Daniel Racette indique que la reprise sera soutenue par les projets de partenariats public-privé et par les travaux d’infrastructures. «La construction domiciliaire et non résidentielle fournira un appui important», dit-il. Il constate que le secteur de la vente au détail «se comporte bien», mieux en tout cas que la moyenne nationale.

Où investir?Dans ce contexte, comment devrait-on positionner les portefeuilles en vue de la croissance à venir? Le marché des actions demeure intéressant, note Daniel Racette. Le dernier pic du S&P/TSX se situait à 15 500 points. L’indice phare de la Bourse de Toronto est actuellement à 11000 points environ. Il reste donc du chemin à parcourir. Seulement, il faut s’attendre à ce que la route soit cahoteuse. «Est-ce que ça va brasser de temps en temps? Oui. Y aura-t-il des replis? Oui. D’où l’importance d’éviter de synchroniser les marchés et d’avoir un plan d’investissement à long terme», explique Daniel Racette.

En ce qui a trait aux titres à revenu fixe, il attire notre attention sur les obligations de société et les obligations provinciales. En effet, elles continuent d’offrir un rendement total supérieur à celui des obligations du gouvernement du Canada, et il serait temps d’en profiter. C’est que l’écart de rendement entre ces titres et les obligations du gouvernement fédéral commence à se rétrécir. Au moment de la crise, les investisseurs se sont précipités sur les obligations du gouvernement fédéral, ici comme aux États-Unis, à la recherche de sécurité et de stabilité. Cela a poussé les autres émetteurs à bonifier leurs taux d’intérêt afin d’attirer les acheteurs. Mais cette période heureuse commence à s’estomper. Il serait avisé d’agir bientôt si l’on veut tirer son épingle du jeu.

«Nous croyons que les taux d’intérêt des banques centrales resteront accrochés très bas jusqu’en 2010. Les autorités attendront que la reprise soit bien enclenchée avant de relever les taux», croit Daniel Racette. Pour les taux à court terme, les investisseurs peuvent s’attendre à ce qu’ils demeurent stables. Cependant, il en va autrement pour les taux à moyen terme (de 3 à 5 ans). En effet, les investisseurs craignent une résurgence de l’inflation et fixent en conséquence les taux des titres à moyen terme, c’est-à-dire à la hausse. «Bien que notre économiste en chef affirme clairement qu’il n’y a aura pas de poussée inflationniste, les investisseurs obligataires semblent penser le contraire, et ce sont eux qui déterminent les rendements sur les marchés», reconnaît Daniel Racette. L’une des conséquences de cette nervosité est la hausse des taux hypothécaires et des fluctuations à prévoir sur les taux à moyen terme.

Dans cette optique, les investisseurs prudents qui placent leur capital dans des produits garantis, comme les CPG, doivent redoubler d’attention. Actuellement, les institutions financières offrent un maigre 0,5% sur leurs CPG de 1 an. «Il serait tentant d’opter pour des termes plus longs afin d’obtenir 3,5%, par exemple. Sauf qu’on risque d’être pris avec un produit non rachetable au moment où les taux vont commencer à monter. Ce sera malheureux», dit Daniel Racette, qui ajoute que le défi est de trouver un bon équilibre entre le rendement et la sécurité.

La retraite des QuébécoisSujet incontournable, la retraite des Québécois doit susciter une réflexion tant chez les jeunes que les moins jeunes, surtout au sortir de la crise financière. «Certaine personnes doivent retourner travailler, d’autres doivent changer leur style de vie. C’est triste», déplore-t-il. Évidemment, l’effondrement des Bourses à la fin de 2008 y est pour beaucoup. Mais si la déroute boursière a affecté autant de gens, peut-être étaient-ils trop exposés aux actions ? «Les épargnants doivent bien connaître leur profil de risque. Ils se laissent parfois hypnotiser par les rendements passés et se retrouvent avec une répartition d’actifs trop agressive. Quand les marchés montent, c’est bien. Mais quand ils baissent, ça fait beaucoup de mécontents !»

L’important, dit-il, est d’avoir un plan financier et de ne pas trop y déroger. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. «Même s’ils reconnaissent l’importance de l’épargne pour financer leur retraite, seulement 21% des travailleurs se sont fixé un objectif de revenu à la retraite et ont un plan pour atteindre cet objectif», dit Daniel Racette, citant un sondage récent publié par l’organisme Question Retraite. Le constat est dur, mais la solution est simple. «S’ils veulent vivre une belle retraite, ils doivent commencer à planifier le plus tôt possible», conclut-il.

Ronald McKenzie