Sauvez le capital retraite de vos clients!

Par Chantal Legault | 25 mars 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Vos client auront-ils un capital de retraite suffisant pour s’assurer un niveau de vie confortable pendant 25 ou 30 ans? Quelle stratégie de placement adopter alors que les taux d’intérêt s’obstinent à rester bas et que l’avenir des régimes de retraite est incertain? La 2e édition du livre Votre retraite crie au secours répond à ces questions. Entrevue avec l’auteur, Hélène Gagné, planificatrice financière et gestionnaire de portefeuille à Gestion privée PEAK.

Conseiller : Quels sont les changements qui affectent la planification de la retraite depuis la dernière édition de votre livre?

Hélène Gagné : Des modifications ont été apportées aux régimes de retraite publics pour inciter les gens à rester sur le marché du travail plus longtemps. Le régime des rentes du Québec accorde une bonification à ceux qui prennent leur retraite entre 65 et 70 ans et réduit les prestations des personnes qui les demandent avant 65 ans. Du côté fédéral, l’âge auquel les gens vont devenir admissibles au programme de sécurité de vieillesse va graduellement passer de 65 à 67 ans. Ces modifications ont des conséquences sur la planification financière.

C : Les régimes de pension privés ont aussi connu des changements importants, non ?

HG : Oui. Les employeurs délaissent de plus en plus les régimes de retraite à prestations déterminées pour offrir des régimes à cotisations déterminées. Le risque d’investissement repose dorénavant davantage sur l’individu plutôt que sur l’employeur. Malheureusement, les participants à ces régimes ne s’attardent pas tellement au choix de leurs placements. Par défaut, les montants cotisés se retrouvent souvent dans des fonds monétaires. Ainsi, l’employeur se protège mais le participant n’accumule presque pas de rendement, d’où l’importance de se faire épauler par un conseiller en services financiers.

C : Vous mettez les lecteurs en garde contre les frais de gestion parfois élevés des portefeuilles de placement. Pourquoi?

HG : Auparavant, le choix des produits financiers était limité, mais aujourd’hui, il est possible d’offrir des produits diversifiés pour une fraction des frais de gestion des fonds communs de placement traditionnels. Les conseillers peuvent donc proposer des outils de placement efficaces sur le plan fiscal, dont les frais sont peu élevés et qui permettent à leurs clients d’améliorer leur rendement au fil des ans. De plus en plus de conseillers travaillent de cette façon, mais pas encore suffisamment.

C : Vous suggérez le CELI à plusieurs reprises dans la dernière édition de votre livre. Pourquoi?

HG : Le CELI est un outil d’accumulation qui a la faveur des investisseurs. Pour ceux dont les revenus annuels sont inférieurs à 40 000 $, il est plus avantageux d’investir dans un CELI que dans un REER parce que l’économie d’impôt réalisée au moment de la souscription à un REER n’est pas très élevée et plus tard, au moment de décaisser leurs FEER, ces personnes perdront leurs crédits d’impôt. Dans certains cas, elles risquent même de perdre en partie ou en totalité leur prestation de supplément de revenu garanti. Dès qu’on atteint 30 000 $ de revenus à la retraite, on perd de nombreux crédits d’impôt. Je suggère donc à ces personnes de renoncer à un petit avantage fiscal à court terme pour un bénéfice qu’elles toucheront à plus long terme.

C : Est-ce que le comportement des Québécois par rapport à la planification de leur retraite s’est transformé au fil des ans? Si oui, comment?

HG : La majorité d’entre eux sont mieux informés qu’avant. Par contre, on constate qu’il y a de plus en plus de gens endettés au moment de prendre leur retraite, ce qu’on observait rarement il y a 10 ou 15 ans. Les dettes créent alors une pression énorme sur les individus.

C : Quels conseils les conseillers devraient-ils retenir à la suite de la lecture de votre ouvrage?

HG : Il est important d’amener les investisseurs à être lucides par rapport à leur situation financière actuelle et future et d’élaborer avec eux un plan de retraite avec des objectifs réalistes. Je compare la préparation financière de la retraite à l’ascension d’une montagne. Tout au long de leur vie active, les gens accumulent de l’argent jusqu’à ce qu’ils parviennent au sommet. Ils entrent alors en phase de décaissement. La gestion des risques prend une dimension tout à fait différente à cette étape-là. Les conseillers jouissent généralement d’une grande expertise pour accumuler du capital mais peu d’entre eux comprennent bien les enjeux de la retraite. Je leur conseille de suivre une formation sur cet aspect afin de mieux maîtriser les stratégies de décaissement et de permettre à leurs clients de bénéficier de leur capital le plus longtemps possible.

Votre retraite crie au secours, 2e édition, Hélène Gagné, Les Éditions Transcontinental, 2015, 237 pages, 22,95 $

Chantal Legault