Scandale Norbourg, Fragasso appuie les conseillers floués

31 août 2005 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
4 minutes de lecture

(31-08-05)Plusieurs représentants en épargne collective de la régionde Québec ayant vendu des parts de fonds Évolution et Norbourgse sont réunis hier soir dans un hôtel de la Vieille capitale pourdiscuter des mesures à prendre afin que leurs clients retrouvent le maximumde leurs épargnes, le plus rapidement possible.

Convoqués à la dernière minute par un des représentantsde Services financiers Dundee, Gilles Viel, un conseiller qui compte une quarantained’années d’expérience, les quelque 25 conseillersprésents ont eu droit à de minces explications de Michel Fragassosur le scandale financier qui frappe Norbourg et, dans une certaine mesure,tous les intermédiaires de marché au Québec.

M. Fragasso qui était président du conseil d’administrationdes fonds Évolution et président de l’Institut des fondsd’investissement du Canada jusqu’à jeudi dernier, est venudire aux conseillers qu’il avait brièvement parlé àdeux reprises à Vincent Lacroix, le président déchu deNorbourg, et qu’il ne comprenait toujours pas «ce qui s’étaitpassé…». Rappelons que M. Fragasso avait vendu Capital Teraxisà Norbourg en février 2004, et par le fait même l’actifdes fonds fusionnés Azura, Altum et Évolution qui faisaient alorspartie de l’écurie Teraxis.

Après un passage éclair en politique fédérale oùil s’est présenté comme candidat libéral défaitdans Charlebourg, Michel Fragasso a par la suite réintégréle giron de Norbourg à titre de président du conseil aux conditionsqu’il occupait à Teraxis. Il a réitéré qu’iln’avait aucun intérêt quel qu’il soit dans Norbourg: «Comme vous tous, j’ai été estomaqué quandon m’a appris la nouvelle et que la GRC m’a escorté àmon bureau pour leur fournir les documents pertinents à leur enquête»,a-t-il affirmé devant la petite assemblée, très calme dansles circonstances. «Je suis ici pour laver ma réputation et surtoutpour vous aider par tous les moyens possibles à ce que vos clients récupèrentun maximum», a-t-il martelé.

Questionné par les représentants à savoir si lui-mêmefaisait toujours confiance à Vincent Lacroix, M. Fragasso a émisdes réserves, ajoutant être un «cognitif» plutôtqu’un «intuitif» et que certains signes avaient seméle doute dans son esprit quant à la rigueur des méthodes de gestionde Lacroix. Il a alors donné l’exemple du remboursement de sesdépenses d’affaires fait de manière peu orthodoxe àquelques occasions. Soit par un chèque personnel de Lacroix, soit parun chèque tiré d’un compte suisse ou soit encore par unchèque de Fonds Évolution. Cette manière singulièrede régler son compte de dépense lui aurait alors mis la puce àl’oreille que les affaires personnelles de M. Lacroix n’étaientpeut-être pas en ordre. M.Fragasso a alors appris de l’aveu mêmede Vincent Lacroix qu’il n’avait pas produit de déclarationd’impôt depuis les trois dernières années. «Jel’ai sommé de mettre ses affaires en ordre et d’utiliserle programme fédéral de divulgation volontaire, a commentéM. Fragasso. Nous venons d’apprendre récemment qu’il a étécotisé pour plus de $22 millions…»

«Cette somme a-t-elle été payée à mêmel’actif des porteurs de parts?» ont prestement demandé lesconseillers. «C’est possible», leur a répondu M. Fragassoen signalant au passage que le ministère du Revenu du Québec avaitdéjà émis un avis indiquant qu’il n’étaitpas question de remettre cette somme pour le moment. Michel Fragasso dit avoirconfiance à «35%» de retrouver les $70 millions manquants.Ce qui l’inquiète, «ce sont les sommes astronomiques prisesà même l’avoir des porteurs de parts qui seront dépenséesen frais d’avocats, de comptables, de syndics et de gestion intérimairejusqu’à ce que Norbourg soit liquidé d’ici janvierprochain», estime-t-il. D’ici là, Michel Fragasso a assuréles conseillers présents de son appui indéfectible et a ajouté«qu’il mettrait sa notoriété à profit pourfaire bouger les choses en faveur des épargnants et de leurs conseillers».M. Fragasso convoquera les médias incessamment pour poursuivre et menerà bien sa dernière croisade, selon ses termes.