Si les taux remontent, ce sera de beaucoup?

Par Fabrice Tremblay | 30 mai 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Plusieurs des décisions d’investissements que les clients ont à prendre en ce moment demandent une réflexion sur l’évolution prochaine des taux d’intérêt. Est-il approprié d’acheter maintenant des obligations, une assurance vie permanente ou encore d’investir dans l’immobilier?

Alors que le taux d’intérêt réel au Canada avoisine désormais le 0 %, une remontée des taux à un niveau supérieur à 4 % pourrait avoir des conséquences importantes sur de nombreux aspects de l’économie. Au cours de la dernière décennie, le taux d’intérêt réel a dépassé à deux reprises les 4 %.

Cependant, en raison de changements fondamentaux dans les économies canadienne et mondiale, le taux d’intérêt normal du Canada se situerait à un niveau plus bas qu’historiquement. C’est ce qu’avancent deux chercheurs de l’Institut C.D. Howe, Paul Beaudry et Philippe Bergevin, dans un récent article intitulé « The New “Normal” for Interest Rates in Canada: The Implications of Long-Term Shifts in Global Saving and Investment ».

La principale question consiste à se demander à quel niveau devrait se situer le taux d’intérêt cible de la Banque du Canada, une fois que l’économie sera de retour à la normale et que sa croissance sera en phase avec son potentiel productif.

Il est à noter que le taux d’intérêt cible de la Banque du Canada a été en moyenne de 3,8 % entre la fin de 1995 jusqu’à la récession de 2008. En 2010, l’OCDE a évalué le taux d’intérêt neutre du Canada à 4,5 %. Le taux neutre n’est pas observable directement, il s’agit d’une estimation difficile à faire. Elle repose sur plusieurs hypothèses concernant la structure de base de l’économie canadienne.

Équilibre de l’épargne et de l’investissement

« Dans un horizon de trois à dix ans, le taux d’intérêt normal ou “neutre” pour le Canada, est probablement plus bas que sa moyenne historique, en raison de changements fondamentaux en matière domestique et international des déterminants de l’épargne souhaitée et de l’investissement souhaité », écrivent les chercheurs.

Selon la théorie économique, le taux d’intérêt s’ajuste de manière à équilibrer l’épargne souhaitée (par ceux qui veulent fournir des fonds) et l’investissement souhaité (par ceux qui veulent investir des fonds). Parmi les changements fondamentaux identifiés au Canada, on note l’approche de l’âge de la retraite de la cohorte des baby-boomers. Lorsque des personnes approchent de la retraite, ils ont plus d’argent en épargne à fournir. Ce qui fait une pression à la baisse sur le taux d’intérêt.

Fabrice Tremblay