Suivre la mode n’est pas une bonne idée

Pendant une bonne partie de 2017, les prix du bitcoin et des compagnies canadiennes et américaines du secteur du cannabis ont flambé, suscitant l’enthousiasme sans borne des investisseurs. Mais, en ce début 2018, bitcoin et cannabis marquent un net repli.

Le bitcoin a baissé sous les 8 500 $US (10 541 $CA), très loin de son sommet de 19 511 $US (24 197 $CA) atteint le 18 décembre 2017, après plusieurs événements négatifs, rappelle d’abord le Financial Post. Les devises virtuelles Ripple, Ether et Litecoin ont aussi dévissé, baissant toutes d’au moins 16 %.

Et oui! Il faut avoir le cœur bien accroché quand on investit en suivant les modes!

CASCADES DE MAUVAISES NOUVELLES

Les raisons ne manquent pas. En Asie (Chine, Corée du Sud, Inde) et même aux États-Unis, les autorités réglementaires serrent la vis aux cryptomonnaies. Au Japon, la Bourse Coincheck Inc. s’est fait dérober 500millions américains (620 M$ CA) et les autorités nippones y ont fait irruption le 2 février pour saisir des documents et des ordinateurs. Des craintes de manipulation des prix et l’interdiction des publicités de cryptomonnaies sur Facebook ont aussi contribué à la chute des prix.

« Le bitcoin a des problèmes, croit Lukman Otunuga, analyste à Forextime Ltd. Le prix des actions suggère que les « ours » sont clairement en contrôle, avec de futures pertes à prévoir alors que les craintes au sujet de la régulation font encore plus perdre l’appétit aux investisseurs. »

LA FUMÉE RETOMBE

La valeur des actions des firmes de cannabis canadiennes a aussi chuté depuis le 1er février, atteignant leur plus bas niveau depuis décembre, indique le Financial Post, dans un autre texte. Le Canadian Marijuana Index, qui suit 24 actions dans le secteur du cannabis, avait baissé de plus de 11 % à la fermeture des marchés cette journée-là. Il a perdu plus de 20 % en une semaine. La tendance devrait se poursuivre, selon plusieurs analystes.

Les actions de Canopy Growth Corp. ont plongé sous 30 dollars pour la première fois depuis le 29 décembre, à 27,55 $ (-11,19 %). Celles d’Aurora Cannabis et Aphria ont diminué respectivement de 12,65 % et 12,39 %, alors que les parts de Namaste Technologies ont dégringolé de 21,71 %. Des pertes qui font mal, mais qui étaient prévisibles dans un marché jugé « surinvesti » par Chris Damas, auteur du BCMI Cannabis Report.

CORRECTION NORMALE

Selon Russell Stanley, analyste à Echelon Wealth Partners, la forte hausse des prix de ces actions ne reposait sur aucune raison fondamentale, il n’y avait donc aucune raison fondamentale non plus de croire que ces prix seraient soutenus. En d’autres termes, la correction est normale et attendue. Après tout, les actions des principales compagnies dans ce secteur s’échangent encore à un multiple tout à fait acceptable de 17 fois leur EBITDA estimé de 2019.

Les émissions de nouveaux titres dans ce secteur ont aussi été très élevées récemment. Les producteurs de cannabis ont levé plus d’un milliard de dollars en janvier seulement. Il est donc normal de sentir une baisse de la demande. En ce sens, croit Martin Landry, directeur exécutif de la recherche à GMP Securities, « il est sain de voir un repli, cela amènera une nouvelle vague d’investisseurs ».

Certaines annonces ont aussi pu contribuer à ce recul. Aphria a récemment annoncé qu’elle considérait sortir de ses investissements reliés au cannabis aux États-Unis.

De son côté, U.S. Bancorp, qui gère l’actif du FNB ETFMG Alternative Harvest, a annoncé qu’elle réexaminait sa relation avec le manufacturier du fonds, Alternative Harvest. Le fond, qui a levé plus de 350 M$ US (434 M$ CA) depuis son lancement en décembre, pourrait être menacé de fermeture. Or, ce fond a été considéré comme l’une des raisons de la montée du prix des actions dans ce secteur à la fin de décembre dernier. Certains craignent l’effet contraire en cas de disparition de ce fonds.

La valeur des actions pourrait encore perdre jusqu’à 15% avant de se stabiliser, prédit Jason Zandberg, analyste de PI Financial corp. Cependant, estime Martin Landry, l’annonce par les provinces du choix de leurs fournisseurs au cours du prochain mois pourrait relancer le marché, du moins pour certaines de ces entreprises.

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