Témoignage : un retraité au portefeuille inadéquat

22 octobre 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Des placements dans des comptes de gestion de contrats à terme et des fonds d’actions à petite capitalisation conviennent-ils à des personnes de 89 ans pour qui le gain en capital ne constitue pas une priorité ? Pour le conseiller en placement Emerson Blackman, la réponse est non. C’est pourtant ce qu’il a vu quand, il y a deux ans, il a appelé à réviser le portefeuille d’un ami retraité. Le portefeuille en question avait été élaboré par une conseiller qu’il connaissait.

« Je suis attristé quand je rencontre un client actuel ou éventuel dont le portefeuille de placements a été élaboré d’une manière qui, à mon sens, ne répondait pas à ses besoins, que ce soit par un manque de compréhension ou simplement du fait d’une mauvaise communication entre client et conseiller », raconte le conseiller de la région de Toronto. Dans un témoignage paru sur le site Morningstar.ca, il a tenu à raconter son expérience.

Après avoir exprimé ses préoccupations à cette personne âgée et à sa famille, Emerson Blackman a rencontré le conseiller en compagnie de la famille concernée. « À ma grande consternation, le conseiller a dit qu’un portefeuille contenant près de 70 % de placements en actions ou titres apparentés convenait à ce client âgé. J’ai insisté pour la réduction du niveau de risque du portefeuille. » Le conseiller a donné suite à sa demande en en juillet 2008, tout juste avant la débâcle financière. « En janvier 2009, six mois avant le décès de cet investisseur, le portefeuille m’a été transféré », ajoute M. Blackman.

Emerson Blackman n’était pas au bout de ses surprises. « Tout aussi choquant (…) était le barème des frais du portefeuille du client, poursuit-il. On lui avait vendu des fonds communs de placement avec frais différés au rachat, assujettis à des frais de rachat très élevés. » Dans certains cas, les frais de rachat n’allaient pas être réduits à zéro avant 2015. L’investisseur aurait alors eu 96 ans…

Et ce n’est pas tout. « Bien que cette personne âgée ait eu un comptable le conseillant sur les questions fiscales depuis de nombreuses années, personne de sa société ne s’est demandé pourquoi ses impôts étaient si élevés, souligne-t-il. Quelqu’un aurait dû attirer son attention sur le fait que, n’ayant pas besoin d’un revenu régulier provenant de ses placements, ses actifs devraient être investis avec une plus grande efficience fiscale. »

Dans le cas d’un client âgé, une bonne planification financière devrait intégrer une dimension successorale.Les placements étaient-ils fondés sur le besoin des héritiers ? Non, estime le conseiller : « Pour certaines personnes de plus de 80 ans, une planification successorale dans le souci des héritiers pourrait être compatible avec un portefeuille dynamique. Ce n’était pas la situation de mon client. »

M. Blackman rappelle que la première tâche d’un conseiller en placement consiste comprendre les objectifs du client et à déterminer si les risques d’une stratégie d’investissement proposée lui conviennent.

« Une relation entre le conseiller et son client dans laquelle la communication est mauvaise ne fait qu’inciter aux ennuis, prévient M. Blackman. Tout en restant en contact avec leur conseiller en placement, les investisseurs devraient évoquer tous les aspects de leur situation financière avec leur comptable, et sans doute aussi avec leur avocat. Lorsque tout cela est fait, toutes les parties concernées peuvent travailler ensemble dans l’intérêt du client. »