Une guerre commerciale nuirait à la croissance mondiale

Par La rédaction | 10 juillet 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : abscent /123rf

Si les fondements de l’expansion économique mondiale restent « solides », l’horizon est assombri par « les hostilités commerciales gratuites lancées par les États-Unis contre leurs principaux partenaires », selon un rapport de la Banque Scotia.

Dans ses dernières prévisions trimestrielles, l’institution financière se dit néanmoins « optimiste » en ce qui concerne l’avenir de la croissance mondiale, qui demeure selon elle « vigoureuse ».

« L’incertitude entourant la politique commerciale des États-Unis et les éventuelles réactions de leurs partenaires commerciaux continuera de plomber les marchés financiers et nuira vraisemblablement à la croissance en 2019. L’économie mondiale est assez solide pour résister à des assauts relativement mineurs, comme l’imposition de tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium, mais nous craignons qu’elle ait atteint un point d’inflexion à partir duquel toute mesure commerciale pourrait sérieusement compromettre la croissance économique et aggraver l’inflation », estime Jean-François Perrault, premier vice-président et économiste en chef à la Scotia.

AU CANADA, DES TAUX À 2,5 % D’ICI LA FIN DE 2019

Pour ce qui est du Canada, le rapport note que, dans l’ensemble, les perspectives économiques n’ont pas évolué par rapport au trimestre précédent. « La croissance ralentit, mais les pressions sur les capacités s’intensifient. Cette conjoncture, combinée à la forte demande des États-Unis, nous incite à croire que la récente hausse des investissements des entreprises se poursuivra puisque les sources de croissance secondaires de l’économie canadienne ne sont plus seulement l’immobilier résidentiel et la consommation, mais aussi les activités et les échanges commerciaux », écrit la Scotia.

De même, « l’expansion prévue dans toutes les provinces cette année, surtout en Colombie-Britannique et en Alberta, sera soutenue par la hausse des investissements des entreprises dans certains secteurs clés où des contraintes de capacités sont observées ».

L’institution financière prévoit également que la Banque du Canada devrait relever ses taux de 125 points de base (pb), à 2,5 %, d’ici la fin de 2019. « Nous croyons toujours que le taux cible du financement à un jour fera l’objet de deux hausses de plus de 25 pb en 2018, dont une première en juillet, et de trois hausses additionnelles de 25 pb en 2019 », indique le rapport.

Du côté des États-Unis, la banque anticipe une accélération de la croissance économique et juge que « tout indique que la Réserve fédérale fera passer les taux à 3 % d’ici la fin de 2019 puisque deux hausses sont prévues en 2018, et deux autres en 2019 ». De plus, le rythme de normalisation du bilan de la Fed devrait atteindre un point culminant à l’automne, « ce qui donnera lieu à des mesures de resserrement exceptionnelles au moment même où des augmentations de taux sont prévues ».

« IL N’Y AURA PAS DE GUERRE ÉCONOMIQUE TOTALE »

En ce qui concerne les pays de l’Alliance du Pacifique (Mexique, Chili, Colombie et Pérou), la Scotia estime que « le durcissement de ton » de la Fed est l’un des principaux défis auxquels devront faire face les marchés émergents cette année. « Les flux de capitaux vers les économies émergentes ont chuté, principalement dans les pays jugés plus risqués, comme ceux affichant une balance des paiements courants et un déficit financier élevés », relève la banque. Celle-ci ajoute cependant que les pays de l’Alliance « ont dans l’ensemble été épargnés par cette conjoncture ».

Enfin, les perspectives de l’Asie demeurent elles aussi « assez solides », même si les récentes frictions commerciales entre Washington et Pékin « pourraient sérieusement nuire à la région », estime la Scotia. « Un accroissement des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine aurait des répercussions économiques négatives pour cette dernière, mais les autorités chinoises disposent d’une gamme d’outils pour atténuer l’impact d’une éventuelle intensification de l’offensive commerciale américaine, notamment leur capacité à déprécier leur monnaie », écrit la banque. Se disant optimiste, elle dit « tenir pour acquis que le bon sens prévaudra et que la Chine et les États-Unis éviteront de s’engager dans une lutte commerciale qui aurait des répercussions négatives dans les deux pays ».

« Nous croyons toujours qu’une nouvelle mouture de l’ALENA [Accord de libre-échange nord-américain] sera signée en 2019, mais l’incertitude découlant des négociations ainsi que les tarifs sur l’acier et l’aluminium ralentiront légèrement la croissance. Les fondamentaux de l’expansion économique mondiale demeurent solides et nous croyons aussi toujours que les pressions économiques et politiques feront en sorte que les tensions commerciales ne dégénéreront pas en guerre totale », conclut l’institution financière.

La rédaction