Une mise en production toujours reportée + Une entreprise injoignable

Par Didier Bert | 10 juin 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
4 minutes de lecture

Georges VacherSource : ministère du Tourisme

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Fait no 3 : une mise en production toujours reportée

« Nous avons essayé de collaborer avec trois centres de recherche, mais cela a été impossible à cause de la façon de fonctionner d’Éric Weynant, affirme un investisseur. Une compagnie de financement offrait deux millions de dollars, mais nous avons été incapables de trouver une entente. Cela tient probablement à une crainte de se faire voler sa propriété intellectuelle. Les avocats étaient stupéfaits d’échouer si près du but. Éric Weynant n’avait probablement pas tort d’être méfiant, mais à un moment donné, il faut concrétiser. »

Aujourd’hui, Georges Vacher affirme avec conviction : « Si demain matin, quelqu’un arrive avec 2 ou 3 millions, on part en fabrication. »

Analyse de l’expert en criminalité financière :

« La signature d’un accord implique la remise du brevet. À cette étape cruciale, on aurait pu apprendre que le brevet ne valait rien. Et puis, après… le fraudeur ne peut plus rien faire pour soutirer de l’argent aux gens. Tant qu’il a ce brevet entre les mains, c’est extraordinaire! Il peut faire beaucoup de choses. C’est la base de son ‘commerce’ », détaille Messaoud Abda.


Fait no 4 : une entreprise injoignable

Plusieurs investisseurs de PhasOptx ont indiqué à Conseiller.ca n’avoir aucune idée de l’endroit où se trouve la firme actuellement. « J’ai encore les actions », nous confie l’un d’entre eux, qui a acquis pour plus d’un million de dollars de titres. « Ça vaut zéro. Ça fait des années qu’il ne se passe rien. Le président ne répond pas au téléphone. Ils étaient supposés démarrer la production en janvier 2014. Ils ont obtenu des subventions, mais il ne se passe rien. »

Une autre actionnaire déclare : « Je n’ai même pas eu mes certificats d’actions. Il y avait toujours des raisons.»

Un autre investisseur, ancien administrateur de la firme : « Je n’ai aucune idée de l’endroit où ils sont. Ils étaient quelque part sur la Rive-Nord, dans le coin de Le Gardeur. Sont-ils encore là? Je ne sais pas. »

Effectivement, le site Internet de PhasOptx mentionne que le centre de développement de la firme est dans cette localité. Mais quand on appelle, la seule réponse (en anglais) est la suivante : « Le numéro que vous avez composé a été déconnecté. »

« Le Gardeur ne répond pas? réplique Georges Vacher, c’est parce qu’on n’a plus tellement d’argent. »

Une subvention de 100 000 $ réservée pour PhasOptx

Le site Web mentionne aussi un site de production à Disraeli, dans la région de Thetford Mines. Le numéro de téléphone est le même. Lorsque nous téléphonons à la Société de développement économique (SDE) de Thetford Mines pour savoir s’ils connaissent l’entreprise, un commissaire au développement économique nous apprend qu’une subvention de 100 000$ est réservée pour PhasOptx, mais ne sera versée qu’au démarrage effectif des activités… maintenant espéré à l’automne 2014. Il y a un an, un article du journal Le Soleil avançait pourtant que PhasOptx s’apprêtait à créer 120 emplois à Disraeli et à investir 10 millions de dollars. « L’entreprise est en train de finaliser le financement pour lancer ses activités dans la région », croit le commissaire.

Nous tentons alors de rejoindre Éric Weynant. C’est Georges Vacher qui nous répond : « Éric Weynant est sous enquête. Il ne peut pas parler aux journalistes. Pourtant, il est très éloquent. Quand il part (sic), il est très éloquent. »

Analyse de l’expert en criminalité financière :

« Le manque de transparence, le refus du dirigeant de répondre aux questions, l’engloutissement de sommes importantes sans informer les actionnaires, tous mis ensemble, ces indicateurs témoignent d’un stratagème frauduleux », affirme M. Abda.

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Investir dans un mirage en dix étapes concrètes! Un concept non commercialisable (mais qui fait rêver) + Des brevets introuvables Une mise en production toujours reportée + Une entreprise injoignable Aucun accès aux comptes + Un réseau trié sur le volet L’utilisation d’un stratagème pyramidal + Des activités illégales de courtage Des investisseurs hyper convaincus + Des sociétés-écrans en cascade Un passé qui interpelle Le déroulement d’une vente d’actions de PhasOptx

Didier Bert

Didier Bert est journaliste indépendant. Il collabore à plusieurs médias sur les thèmes de l’économie, des finances et du droit.