Vers un supercycle du prix des métaux

29 mai 2007 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les économies émergentes consomment des métaux de base à la vitesse grand V et propulsent ainsi les prix à des niveaux inégalés, notent les Études économiques Scotia. En fait foi l’indice Scotia des prix des produits de base qui a gagné 3,9 % en avril par rapport à mars pour franchir un nouveau record. Depuis le creux observé en octobre 2001, cet indice a connu une progression de 132,2 %.

De nombreux métaux ont atteint de nouveaux sommets: nickel, cobalt, plomb, uranium et potasse. Certes, la vigueur de l’activité industrielle en Chine(en hausse de 17,4 % d’une année sur l’autre en avril)et en Inde ont contribué à faire grimper les prix. Mais l’ouverture de nombreuses économies émergentes en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient, en Russie, dans les pays Baltes et en Europe de l’Est sont aussi responsables de la flambée des cours. Et il ne faut pas oublier les économies plus mûres, où la hausse globale des investissements dans les usines de traitement, le forage pétrolier et gazier et les pipelines, requièrent beaucoup de métaux.

Scotia note que les sociétés minières qui disposent de beaucoup de liquidités consolident leur position sur le marché mondial dans ce qui s’avère être un « supercycle prolongé du prix des métaux ». La forte croissance prévue au plan mondial aura plus que contrebalancé le ralentissement marqué aux États-Unis au cours de la dernière année et annonce « l’arrivée d’une période de croissance soutenue de la demande pour les métaux et les minéraux ».

Au Canada, l’acquisition récente des deux principaux producteurs canadiens de nickel, de même qu’une foule d’autres éventuelles transactions moins spectaculaires, « traduisent le sentiment qu’il y aura déficit entre l’offre et la demande internationales de nickel jusqu’au premier semestre de 2008 », estiment les économistes de la Scotia.

Bien que les prix finiront par fléchir par rapport aux spectaculaires niveaux actuels, ils devraient tout de même rester « plutôt élevés pour le reste de la décennie », car il n’y a qu’une poignée de développements miniers importants prévus et que la demande en acier inoxydable et de spécialité devrait continuer de croître.

L’année 2007 devrait, encore une fois, être faste pour ce qui est de l’aluminium. « La consommation en Chine gagnera 28 % en 2007, grâce à l’expansion du système électrique, et la demande en Europe restera ferme, ce qui fera plus que contrebalancer la faiblesse des secteurs de l’automobile et de l’habitation aux États-Unis », calcule la Scotia. Par ailleurs, un gain encore plus important de la production des fonderies et une augmentation importante de la capacité en Chine, en Islande, en Russie et à Dubai, et la remise en fonctionnement de quelques fonderies américaines pourraient faire passer l’offre et la demande d’un état déficitaire à un état excédentaire plus tard en 2007.

Profitant de l’occasion pour commenter le prix du pétrole, les experts de la Banque Scotia ont dit que la faiblesse des stocks américains d’essence exercera une pression à la hausse sur les prix à la pompe. Le 21 mai dernier, le gallon d’essence se vendait 3,26 $ aux États-Unis, un record depuis 1993 qui surpasse même le prix atteint après le passage de l’ouragan Katrina. Rien n’indique qu’il descendra à court terme, car la vigueur du prix du brut traduit un bon équilibre entre l’offre et la demande mondiales.