Vivre sur ses économies jusqu’à 75 ans

Par La rédaction | 11 septembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Plutôt que de demander un premier chèque au Régime de rentes du Québec (RRQ) à 60 ou 65 ans, plusieurs Québécois gagneraient à attendre l’âge de 75 ans. Mais pour cela, il faudrait changer les règles du régime.

C’est ce que proposent Antoine Genest-Grégoire et Luc Godbout, de la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, dans un rapport rédigé en collaboration avec Martin Dupras, ex-président du conseil d’administration de l’Institut québécois de planification financière.

Selon eux, plusieurs Québécois pourraient utiliser leur épargne privée pour vivre pendant les premières années de leur retraite, avant de demander leurs prestations du RRQ vers 75 ans. Les prestations seraient alors beaucoup plus élevées. En 2016, un peu plus de 3 % seulement des nouveaux prestataires du RRQ étaient âgés de plus de 65 ans, selon Retraite Québec.

Mais pour ce faire, explique le fiscaliste Luc Godbout dans Le Devoir, il faut tout de même bénéficier d’un certain capital. Les chercheurs se sont basés sur l’effet d’une réforme au Québec qui serait semblable à celle d’Ottawa, afin de calculer l’épargne nécessaire pour retarder de quelques années le recours au RRQ.

AUGMENTER SON TAUX DE COUVERTURE PUBLIQUE

Ainsi, une personne qui prendrait sa retraite à 65 ans et attendrait d’en avoir 70 pour demander ses prestations aurait besoin d’une épargne privée de 248 000 $. Elle bénéficierait d’un taux de couverture publique de 82,4 %. Le taux de couverture publique s’obtient en divisant le montant des prestations publiques (Régime des rentes du Québec, Pension de sécurité de vieillesse et Supplément de revenu garanti) par l’objectif de revenu à la retraite. Si la même personne attend jusqu’à 75 ans, elle aura un taux de couverture publique de 100 %, mais cet effort lui aura demandé une épargne de 275 000 $.

Les chercheurs s’intéressent aussi au calcul des niveaux de prestations. Ils proposent d’éviter de comptabiliser les gains de travail après l’âge de 60 ans, s’ils sont inférieurs à la moyenne des gains en carrière, afin qu’ils ne fassent pas diminuer le niveau de la rente payable. Plusieurs travailleurs réduisent leur rythme de travail à cet âge, recevant de plus faibles revenus. Or, ces revenus font baisser la moyenne des revenus reçus en carrière, entraînant le niveau de prestation à la baisse.

LE BON MOMENT POUR FAIRE DES CHANGEMENTS

Les propositions des chercheurs surviennent au moment où les deux paliers de gouvernement envisagent de réformer certains aspects de leur régime de retraite public, notamment en raison de la faiblesse de l’épargne privée et de l’allongement de l’espérance de vie.

Le gouvernement fédéral a déjà annoncé son intention de faire passer le taux de couverture du Régime de pensions du Canada de 25 à 33 % en retour d’une hausse des cotisations pour tous. Une entente a été conclue avec certaines provinces en ce sens en juin 2016. De son côté, le gouvernement québécois, qui comme le gouvernement manitobain a rejeté la proposition du fédéral, songe lui aussi à hausser la couverture de 25 à 33 %, mais pas sur tous les revenus. Comme l’explique Le Devoir, seule la portion comprise entre 27 450 $ et 62 600 $ serait touchée, ce qui ramènerait en fait le taux effectif de couverture sur l’ensemble des revenus à un peu moins de 30 %.

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