Volatilité : quand la peur fausse le jugement

Par La rédaction | 1 juin 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Céder à sa peur du risque peut diminuer les rendements, mais une majorité d’investisseurs et même de professionnels tombent dans le piège, affirment deux hauts dirigeants de Longview Asset Management dans une lettre publiée par le Globe and Mail.

Dans les années 1960, l’économiste Paul Samuelson avait proposé un pari à ses collègues du MIT, rappellent R. B. Matthews et Doug McCutcheon. S’ils gagnaient au jeu de pile ou face, il leur donnerait 200 $. En cas de défaite, ils ne devaient débourser que 100 $. Tous ses collègues ont refusé le pari.

L’un d’entre eux a expliqué son refus en disant que la perte de 100 $ le ferait souffrir davantage que le gain de 200 $ ne le réjouirait. Un comportement irrationnel, mais très humain, puisqu’on le retrouve chez la majorité des investisseurs, et même plusieurs professionnels.

En effet, la plupart des individus regrettent les pertes environ 2,5 fois plus qu’ils n’apprécient les gains d’une valeur similaire. C’est ce que les psychologues béhavioristes ont appelé l’« aversion myope au risque ».

RÉFLEXE INNÉ?

La faute à l’évolution, croient les auteurs. Nous aurions une peur instinctive des pertes, ancrée en nous par la longue période où notre survie dépendait de la possibilité de trouver de la nourriture à court terme et d’échapper aux prédateurs.

Ce réflexe se reflète bien sûr dans les choix d’investissements, lesquels souffrent souvent d’une crainte excessive de la volatilité. Rien ne sert de savoir qu’à long terme, les actions offrent un meilleur rendement que les autres actifs, si chaque baisse le moindrement marquée nous empêche de dormir!

Cela pousse bien des gens à investir une bonne partie de leurs avoirs dans des obligations, plutôt que des actions, ce qui diminue leur rendement… mais favorise leur sommeil. Un choix irrationnel, certes, mais tout de même raisonnable, ajoutent les auteurs.

CHEZ LES PROFESSIONNELS AUSSI

Les investisseurs professionnels ne sont pas à l’abri de ce réflexe. Plusieurs gestionnaires de fonds conservent de grandes sommes en liquidités, ce qui leur coûte du rendement sur le long terme. Ce dernier augmenterait s’ils investissaient plus de liquidités dans les actions qu’ils détiennent, ou même dans un fonds indexé. Mais ils préfèrent jouer de prudence.

Bien sûr, il est impossible d’être entièrement rationnel. Mais en comprenant leurs propres biais comportementaux, les investisseurs peuvent prendre de meilleures décisions, qui se transformeront en meilleurs rendements.

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