Ashley Dere – Mener la danse

Par Bruno Geoffroy | 30 octobre 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Ashley Dere

Regard déterminé, poignée de main féline et sourire accroché comme un porte-bonheur, Ashley Dere sait accueillir le visiteur. Derrière son bureau, la jeune femme de 29 ans insiste : « Je voulais ouvrir ma propre business avant d’avoir 30 ans. » Un vœu réalisé avec l’ouverture de son école de danse urbaine, 90 degree, en septembre 2012 sur la Rive-Sud de Montréal.

Aujourd’hui, son école l’accapare à plein temps depuis un an déjà. Une entreprise qui a bénéficié d’un lancement millimétré : analyse de marché, plan d’affaires et évaluation poussée de la compétition locale. Un constat : « Il n’existait pas de place adaptée aux jeunes de mon âge, où on pourrait faire des exercices plus intensifs que la Zumba », dit Ashley Dere.

Pour pallier le manque, elle développe un programme d’exercice exclusif : le Swagger. Une marque de commerce qu’elle espère bien franchiser dans le futur. Au menu, rythme soutenu pendant une heure et 700 calories dépensées. De quoi enthousiasmer la vingtaine de pratiquants qui se déhanchent dans sa salle de cours à chaque session.

Créative, la jeune femme originaire de la Rive-Sud entend bien se différencier de la compétition et sortir des sentiers battus. « Mon côté fille de marketing assumé », glisse-t-elle. Dans son école, elle propose uniquement des cours de danses urbaines, même pour les enfants. À eux le hip-hop par exemple! Et les garçons ne sont pas en reste. À ce jour, deux classes leur sont réservées. Et que dire de ses cours de burlesque style américain? Une première montréalaise que s’arrachent aujourd’hui trois classes de danseurs âgés de 16 à 47 ans.

Bio express

  • Si la danse s’est imposée dans la vie d’Ashley, ce n’est pas un hasard. Loin de là. À l’âge de 16 ans, elle remplace l’un de ses professeurs blessés. Grand début sur le devant de la scène. Depuis, l’enseignement ne l’a pas quittée. Entre deux répétitions, ses études et son travail, elle trouve le moyen de s’engager dans une troupe et de chorégraphier des spectacles au Casino de Montréal.
  • Elle fera pourtant ses premières armes professionnelles loin des parquets. Diplômée en commerce spécialisation marketing de l’Université Concordia en 2011, elle est un temps responsable des expositions aux États-Unis pour une compagnie de décoration intérieure, puis devient acheteuse pour une grande entreprise de cosmétiques. Avant de larguer les amarres et de s’embarquer dans l’entrepreneuriat.
  • Pourquoi se lancer en affaires alors que l’on a un boulot stable? Par manque d’occasions de carrière dans une petite entreprise et pour briser l’anonymat lié à une trop grande.

Une question de croissance et de temps

Ashley Dere n’a pas froid aux yeux. Une hypothèque sur sa maison, une voiture et un enfant à charge ne l’ont pas freinée pour démarrer son entreprise. Son investissement? Du temps, de l’huile de coude, l’aide de son frère et une marge personnelle de crédit mise à contribution. Avant de quitter son travail de salariée, elle a pris soin d’épargner pour parer à ses dépenses quotidiennes. Car, côté subventions, elle n’a eu droit à aucune allocation destinée aux jeunes entrepreneurs ou aux femmes.

Si elle ne souhaite pas divulguer le nombre actuel de ses adhérents, sachez seulement qu’elle a triplé le nombre de ses élèves en un an. En mai dernier, son premier spectacle de fin d’année a attiré 500 personnes. Complet!

« Aujourd’hui, je n’ai pas de pertes, ni encore de profits d’ailleurs », confie l’entrepreneure. Mais cela pourrait changer dans les années à venir. À voir la stratégie de diversification de son offre, on n’en doute pas. Elle travaille actuellement avec les commissions scolaires de Marie-Victorin et de Riverside pour proposer des cours de hip-hop dans les écoles. Sans parler des cours de burlesque qu’elle dispense pour les couples ou lors d’enterrements de vie de jeune fille.

Dessine-moi un conseiller

Si elle ne dispose pas des services d’un conseiller, c’est surtout parce qu’elle estime avoir assez de formation pour mener sa barque dans les eaux financières. Au besoin, elle préfère appeler des amis entrepreneurs pour recevoir leurs conseils en développement d’entreprise ou en investissement.

Et, pour l’avenir, envisagerait-elle de faire appel à un conseiller? « Oui, pourquoi pas, mais pour que j’aie confiance en un conseiller, il faudra qu’il me soit référé, mais aussi qu’il comprenne et connaisse mon secteur d’activité et mon entreprise », explique Ashley Dere.

Loin des clichés de cette jeunesse tout électronique, Ashley Dere préfère le contact face à face quand vient le temps de parler de son entreprise et de ses futurs investissements.

Avis aux professionnels : l’un des enjeux avec la génération Y sera de créer de l’attachement. Un lien indéfectible qui s’inscrira dès le début de la relation et qui dévoilera les membres de votre profession comme des personnes aidantes et non comme de simples vendeurs… Un moyen incontournable pour fidéliser de jeunes entrepreneurs, de futurs clients.

Un pas de deux vers l’avenir

Si le plus dur a été de trouver des employés qui partagent sa passion pour la danse urbaine et les valeurs de l’entreprise, la jeune femme croit avoir fait la différence. Aujourd’hui, personne ne peut copier son offre et sa culture d’entreprise.

« Je ne cherche pas l’expansion à tout prix, mais plutôt à développer la marque et à continuer d’innover », explique Ashley Dere. Et, pour transformer son affaire en réussite, elle se donne trois ans. Un horizon proche pour celle qui souhaiterait arrêter l’enseignement et diriger à temps plein son entreprise.

Pourquoi 90 degree? L’angle parfait pour refléter la perfection de l’école et l’envie de sa dirigeante d’amener la danse ailleurs. Un côté bilingue et urbain en vue d’une franchise aussi.

Les valeurs de l’entreprise Passion, respect, dévouement, persévérance, encouragement et fun!

À propos de la génération Y « Nous sommes plus des preneurs de risques que la génération de nos parents, car nous avons souvent un diplôme universitaire en poche. Même si l’entreprise fait faillite, nous avons de quoi nous retourner! » – Ashley Dere.

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Bruno Geoffroy