Brasser des affaires sur deux roues

Par La rédaction | 25 juin 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le développement de la clientèle d’affaires a longtemps passé par un incontournable : le golf. Mais une frange de plus en plus importante des nouveaux entrepreneurs boudent les verts, préférant enfiler des kilomètres sur deux roues.

Quand on lui demandait quelle avait été l’erreur qu’il commise dans sa carrière, le milliardaire montréalais Stephen Jarislowsky répondait souvent : « ne pas avoir joué au golf », estimant qu’il avait ainsi raté plusieurs occasions d’affaires.

Aujourd’hui cependant, le golf n’a tout simplement plus la cote. Et les émules de Jarislowsky enfourchent plutôt une bécane.

Des clubs de réseautage

Lorsqu’il explique la raison d’être de l’Association cycliste en développement des affaires, qu’il a fondée il y a près de 20 ans, le courtier hypothécaire Gilles Dionne sert toujours le même argument : le golf est fastidieux, un tournoi dure 12 heures, et on n’aura finalement rencontré que trois personnes. Celles avec qui on joue.

En vélo, lors d’un parcours de 70 km qu’on fait avec 200 personnes, les chances de nouer des relations sont meilleures. Relations qui reviendront en mémoire lorsqu’un avocat aura besoin d’un architecte, ou qu’un banquier voudra changer de dentiste.

Sans compter que le golf avec une relation d’affaires impose parfois un choix éthique douteux. « Quand vous faites une ronde avec un client et que vous ne voulez pas qu’il perde, il faut truquer le jeu », ce qui est délicat, explique Peter Murray, architecte londonien et organisateur des évènements cyclistes corporatifs Cycle to Cannes (Londres-Côte d’Azur, 1 500 km) et Portland to Portland (Oregon-Angleterre, 6 500 km).

Ajoutons à cela que le cyclisme (surtout le cyclisme de performance) correspond beaucoup plus à un idéal de promotion de la santé dans le monde des affaires.

Et c’est ainsi que le cyclisme remplace de plus en plus le golf chez les professionnels.

Professionnels au guidon

Mathématiquement, le golf semble condamné à pérécliter : alors qu’il y a plus de trois millions de cyclistes au Québec, les clubs de golf peinent à recruter plus d’un million de membres, un nombre qui est en baisse depuis les années 1990.

C’est pourquoi les clubs cyclistes comme le Regroupement d’affaires à vélo de Québec essaiment un peu partout chez nous et ailleurs. Le cabinet PricewaterhouseCoopers publiait récemment, parmi des centaines d’études et de rapports produits chaque année, un nouveau magazine : PwC Executive Cyclist Magazine.

Converser en roulant comporterait plusieurs avantages, ajoute le magazine The Economist : cela pousserait l’adrénaline, l’endorphine et la sérotonine, ce qui rendrait les conversations plus ouvertes.

On ne signe pas de contrats en gravissant un col, bien sûr. Mais on dresse la table pour une prochaine occasion, en semant la graine qui germera peut-être.

La rédaction