Cellier sous haute surveillance

Par Bruno Geoffroy | 8 juillet 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Dans les caves à vin les plus sombres de l’Ancien Monde pourrait se cacher un agent dormant. Parmi les bouteilles, une sonde-espionne aux contours de bois, racée et (très) intelligente mise au point en 2013 par les frères fondateurs de Cellier Domesticus, Franck et Grégory Boulbès. Sa mission : offrir à tout propriétaire d’un cellier des conditions de garde naturelles et identiques à celles des caves des meilleurs crus.

Avec son système, composé d’une sonde intelligente, d’un boîtier Wi-Fi de contrôle et de surveillance et d’une interface Web, l’entreprise vise le vieillissement optimal du vin.

« En fait, nous ne luttons pas contre la nature (parfois extrême au Québec) en maintenant une température de service de 12 °C en tout temps. Le vin évolue : des fois, il dort; des fois, il s’éveille. Comme dans une vraie cave naturelle, nous reproduisons donc des variations saisonnières de température typiques d’une région viticole française », explique Franck Boulbès, président de l’entreprise et ingénieur en électronique de 37 ans.

Au client de choisir : champagne, bourgogne ou bordeaux. Des profils plus génériques sont aussi offerts aux amateurs inquiets pour leurs caves emplies de vins italiens, australiens et de champagnes.

ÉCONOMIES D’ÉNERGIE

Selon M. Boulbès, son système permet des économies d’énergie allant jusqu’à 70 %. « Par exemple, Les Accords, un restaurant montréalais qui fait partie de nos clients, mise sur une capacité de garde importante et donc un vieillissement approprié de leurs vins. Grâce à notre système, ils ont divisé leur facture d’électricité par deux et nous avons même pu détecter à distance qu’un des ventilateurs de leur cellier faisait défaut. »

Meilleure efficacité énergétique, augmentation de la durée de vie des compresseurs et ventilateurs installés dans la cave, suivis de la température à 0,1° Celsius près en temps réel sur Internet, historiques de vieillissement et alertes par courriel en cas de problème… Si l’informatique en nuage offre sa puissance de calcul au système de Cellier Domesticus, l’innovation, elle, reste bien une affaire familiale.

Elle s’appuie sur la précision de la sonde et du boîtier distillé par Franck Boulbès et l’algorithme sculpté par son frère cadet Grégory, ingénieur en génie logiciel à Lyon, en France. À l’honneur, l’ingénierie – conception en partenariat avec Polytechnique et fabrication de circuits électroniques chez Gentec – et l’ébénisterie québécoise.

Franck Boulbès

LE TERROIR COMME MOTEUR DE CROISSANCE

Passionnés, les deux entrepreneurs font vite l’unanimité : bourse de la Fondation Montréal inc. en 2013 et prêts de la Banque du Canada et du Centre local de développement de l’Ouest-de-l’Île. En mai 2015, lors du C2 Montréal, ils sont nommés par la Fondation Claudine et Stefen Bronfman comme l’un des 25 « entrepreneurs émergents » québécois.

Une occasion de côtoyer d’autres entrepreneurs inspirants. « Cela nous a amenés à réfléchir à notre planification financière et à notre stratégie d’entreprise. Ce n’est qu’une question de temps avant que nous fassions appel à un conseiller en services financiers », précise Frank Boulbès.

L’entreprise a le vent dans les voiles. « Trente systèmes sont déjà installés. Majoritairement dans des caves de particuliers (partenariat de distribution avec Cellart.ca) auxquels s’ajoutent quelques grands restaurants comme Les Accords ou Le Coureur des bois. Aujourd’hui, nous installons un système par semaine. » Déposés en 2013 et en 2014, des brevets en cours d’évaluation pourraient ouvrir les portes des marchés canadiens, américains et européens.

Et pourquoi ne pas transférer l’expertise acquise dans le vin dans le domaine des fromages et de la charcuterie? « Déjà pensé », glisse en riant M. Boulbès. D’autres produits sont même en gestation. Un secret qui risque fort de se bonifier dans les caves de Cellier Domesticus.

Entrevue de Franck Boulbès disponible sur la chaîne YouTube de Cellier Domesticus

Pour suivre les projets de l’entreprise : son site Web, son Twitter ou son Facebook


Bruno Geoffroy