Création d’emploi inégale

Par La Presse Canadienne | 17 février 2023 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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De nombreux Québécois ont réussi à obtenir des emplois plus payants depuis le début de la pandémie, mais cet enrichissement amène des défis de recrutement pour les entreprises qui ne sont pas capables d’offrir des salaires plus élevés.

C’est l’une des constatations du « Bilan 2022 de l’emploi au Québec » de l’Institut du Québec (IDQ). De décembre 2019 à décembre 2022, il s’est créé 531 900 emplois à un taux horaire supérieur à 30$ de l’heure. En comparaison, le nombre d’emplois payés 20$ de l’heure et moins a diminué de 465 000 postes.

Cette tendance est attribuable, notamment, aux travailleurs qui ont changé de secteur durant la pandémie, explique la directrice de l’IDQ, Emna Braham. « Les secteurs les plus mis à mal pendant la pandémie, ceux qui ont connu les restrictions les plus sévères, ont vu partir un grand nombre de travailleurs au pic des restrictions sanitaires. »

Avoir plus de travailleurs dans des secteurs à plus grande valeur ajoutée représente un atout pour la transformation du marché du travail vers une économie plus productive. Cette transition amène également des risques, nuance Emna Braham. « Il y a des organisations qui vont avoir du mal à rivaliser avec les salaires, qui vont avoir du mal à se transformer. À ce moment-là, il faudra décider lesquelles on veut accompagner, si on veut garder certaines productions au Québec. »

UNE LIMITE À L’AJOUT DE TRAVAILLEURS

Impossible de faire un bilan de l’emploi sans parler de la rareté de main-d’œuvre. L’ajout de travailleurs au marché du travail, par l’immigration ou la rétention des travailleurs expérimentés, serait le bienvenu, mais ce ne peut pas être la seule solution, nuance Emna Braham. « Il va falloir travailler, aussi, à diminuer notre demande en travailleurs. »

Il faut dire que la demande en travail est élevée au Québec. Pour générer un milliard de dollars de produit intérieur brut (PIB), la demande totale de main-d’œuvre, soit les emplois et les postes vacants, est 17% plus élevée au Québec qu’en Ontario.

Autrement dit, les entreprises québécoises jugent qu’elles ont besoin de plus de main-d’œuvre, que les postes soient pourvus ou non, pour créer la même richesse qu’en Ontario. « L’importance de la demande en travail est telle qu’on ne pourra pas s’en sortir simplement en augmentant le nombre de travailleurs sur le marché du travail », affirme Emna Braham.

Les Québécois entre 15 ans et 64 ans ont déjà un taux d’activité supérieur à l’Ontario, soit de 81,3% comparativement à 78,4%. Il reste une amélioration possible pour les travailleurs expérimentés qui participent au marché du travail dans une proportion moindre qu’en Ontario.

PLUS D’ABSENTÉISME

Fait inusité, l’absentéisme reste élevé en 2022. Le nombre d’heures de perdues pour des raisons de maladie ou familiales est 19% plus élevé qu’avant la crise sanitaire.

Emna Braham a des hypothèses, mais elle admet que les raisons restent à explorer. « C’est une question qu’on se pose. Il y a certainement une partie qui est temporaire. En 2022, on avait encore des cas de COVID. On avait encore certaines restrictions sanitaires. Il est possible toutefois que la pandémie ait exacerbé certains phénomènes qui vont devenir structurels. On peut penser à l’épuisement professionnel dans certains secteurs. »

La Presse Canadienne