Les femmes d’affaires enregistrent moins de revenus

Par La rédaction | 22 août 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Une récente enquête de PayPal Canada révèle que le chiffre d’affaires moyen est plus bas dans les entreprises dirigées par des femmes que dans celles dirigées par des hommes.

L’écart s’élève à 68 000 dollars, selon l’enquête réalisée en ligne auprès de 1 000 petites et moyennes entreprises canadiennes entre le 26 janvier et le 28 février, en collaboration avec la firme de consultants Barraza and Associates.

Les revenus médians des entreprises détenues par des hommes dans six catégories de firmes s’élèvent à 118 000 dollars, contre 50 000 dollars pour les entreprises détenues par des femmes, une différence de 58 %. Cet écart varie selon les secteurs. Pour les entreprises faisant du commerce en ligne, il est ainsi de 55 000 dollars (44 %), alors qu’il grimpe à 71 000 dollars (64 %) pour les entreprises qui font uniquement du commerce « physique ».

PAS FACILE D’AVOIR DU CRÉDIT

Pour expliquer ces écarts majeurs, le rapport cite le difficile accès des femmes aux capitaux. Cela nuirait à la croissance des entreprises qu’elles détiennent. Par exemple, parmi les entreprises de commerce en ligne, environ 53 % des femmes confient qu’elles obtiennent facilement du crédit pour faire croître les activités de leur firme, contre 67 % des hommes.

Une iniquité que confirme Becky Reuber, professeure de gestion stratégique à la Rotman Business School de l’Université de Toronto. « Il y a des preuves que certains stéréotypes entrent en ligne de compte, a-t-elle soutenu dans un article d’Advisor.ca. Plusieurs femmes éprouvent plus de peine à obtenir des investissements importants [que les hommes]. »

Cet accès limité au crédit pousse 70 % des femmes détenant des commerces en ligne à les financer avec leurs propres cartes de crédit, soutient l’étude de PayPal.

D’AUTRES FACTEURS EN JEU

Pour autant, il ne faut pas croire, selon Becky Reuber, que les stéréotypes expliquent complètement ces écarts de revenus. Elle rappelle que plusieurs recherches démontrent que les femmes tendent à choisir des secteurs, comme ceux des services, dont le taux de croissance est traditionnellement plus lent que d’autres, comme les hautes technologies, prisés par les hommes. Lorsque l’on compare des entreprises similaires dans les mêmes secteurs, le fait qu’elles soient dirigées par des hommes ou des femmes n’aurait, selon elle, pas d’impact sur leurs revenus.

Dans son dernier budget, le gouvernement canadien a toutefois consacré 1,4 milliard de dollars sur trois ans de la Banque du développement du Canada au financement des femmes entrepreneurs et 105 millions de dollars pour aider les agences de développement régionales à soutenir les entreprises menées par des femmes.

DES CONSEILLÈRES BIEN ARMÉES POUR ASSURER LEUR CROISSANCE

Une aide dont les professionnelles du conseil financier n’auraient pas besoin, si l’on se fie à des données en provenance des États-Unis. En 2013 déjà, PriceMetrix montrait que les conseillères tendent à avoir plus de clients à valeur élevée, soit des foyers de plus de 250000dollars américains (326 300 $ CA), que leurs collègues masculins. La conseillère médiane comptait 56 de ces foyers, contre 72 plus modestes. Le conseiller médian, lui, comptait 51 foyers à valeur élevée et 78 plus modestes.

Par ailleurs, les conseillères comptaient généralement plus de femmes (51 %) parmi leurs clients que les conseillers (44 %).

Selon PriceMetrix, cette composition de leur clientèle positionnerait bien les femmes pour assurer la croissance future de leurs affaires.

Reste que, comme le rappelle PriceMetrix, au bout du compte, ce n’est pas un chromosome X ou Y qui détermine les chances de succès d’un conseiller ou d’une conseillère, mais la personne elle-même.

La rédaction