Faibles taux d’intérêt et PME : mi-figue, mi-raisin

Par La rédaction | 23 novembre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les taux d’intérêt historiquement bas depuis la crise financière de 2008 permettent aux PME de profiter de conditions de crédit très favorables, mais réduisent les perspectives de rendements sur leurs investissements, explique la Banque de développement du Canada (BDC) dans sa lettre économique mensuelle.

Cela dit, malgré des taux d’emprunt extrêmement bas, la croissance de l’investissement des entreprises canadiennes a été faible au cours des dernières années, et pas seulement dans les industries minières et pétrolières. Le climat d’incertitude qui règne au pays ne serait pas étranger à une telle tendance.

Selon la BDC, le principal frein à l’investissement réside dans le manque de confiance des entreprises en l’économie. La Banque du Canada estime pour sa part que les taux critiques de rentabilité – soit le taux de rendement minimal d’un projet exigé par une entreprise pour y investir – sont trop élevés. Dans un environnement de taux d’intérêt plus faibles, les entreprises devraient peut-être revoir leurs attentes de rentabilité à la baisse, croit la banque centrale.

Au fur et à mesure que la conjoncture économique s’améliorera, les entreprises reprendront confiance et seront plus disposées à investir, note toutefois la BDC.

LE RÔLE DE LA PRODUCTION POTENTIELLE

Plusieurs facteurs poussent les taux d’intérêt vers le bas, dont le ralentissement du taux de croissance de la production potentielle. La production potentielle est la production la plus élevée qu’une économie peut soutenir à long terme avec toutes les ressources dont elle dispose (main-d’œuvre et capital) sans que cela n’exerce de pressions excessives sur les prix et les salaires, explique la BDC.

Selon les estimations de la Banque du Canada, la croissance de la production potentielle mondiale a diminué de 5 % en 2005 à un peu plus de 3 % en 2016. Résultat : les entreprises investissent moins, la demande de financement diminue, ce qui exerce ultimement une pression à la baisse sur les taux d’intérêt.

L’augmentation considérable de l’épargne mondiale depuis le début des années 2000, surtout dans les marchés émergents, tend également à maintenir les taux d’intérêt à un niveau plancher.

LE TAUX « NEUTRE »

La Banque du Canada estime que le taux d’intérêt « neutre », soit le taux directeur compatible avec le taux de production potentiel, se situe actuellement entre 2,75 et 3,75 %, un niveau largement plus élevé que celui du taux directeur (0,5 %).

En considérant tous ces éléments, la BDC soutient que les conditions de crédit devraient demeurer favorables à l’investissement encore longtemps, puisque le contexte n’est pas propice à une remontée du taux directeur avant plusieurs mois. Et quand la croissance économique aura repris son rythme de croisière, la hausse sera graduelle et modeste, croit la banque.

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