La croissance des salaires ne suit pas la croissance économique

Par La rédaction | 11 octobre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La forte croissance de l’économie canadienne et du marché de l’emploi devrait théoriquement être synonyme de pénurie de main-d’œuvre et, par ricochet, de hausses salariales importantes. Mais c’est loin d’être le cas.

Avec une hausse moyenne de 2,8 %, les salaires de base augmenteront à peine plus en 2018 que l’an passée (2,7 %). L’enquête réalisée auprès de 378 entreprises canadiennes révèle également que les dépenses concernant la rémunération variable, les primes par exemple, devraient représenter 12,2 % de la masse salariale l’an prochain, en légère baisse par rapport à 2017. Seules 0,9 % des entreprises sondées prévoient un gel salarial en 2018.

Les faibles hausses salariales attendues s’expliquent par le fait que les employeurs gardent le cap sur l’augmentation du rendement et l’atténuation des risques, indique un rapport d’Aon.

« Si les données sur la rémunération demeurent modestes au pays, elles sont tout de même meilleures que celles observées au creux de la crise du pétrole il y a deux ans », tempère toutefois Suzanne Thomson, conseillère principale, Solutions mondiales pour les données à Aon Hewitt. « Il y a moins de gels des salaires, et l’engagement envers la rémunération variable se maintient, ce qui permet aux employeurs d’attirer, de fidéliser et de récompenser les employés les plus performants ».

L’enquête observe d’ailleurs que le rendement est le principal facteur influant sur les décisions prises par les entreprises canadiennes au chapitre de la rémunération. En moyenne, les employés les plus performants ont reçu une augmentation de 4,3 % en 2017, comparativement à 2,7 % pour l’ensemble des paliers de rendement.

Les augmentations de salaires supérieures à la moyenne devraient se retrouver dans les secteurs du génie, des mines et des services professionnels (3,3 % respectivement) ainsi que dans ceux de l’automobile et des produits forestiers et papetiers (3,1 % respectivement), tandis que les hausses inférieures à la moyenne devraient toucher les secteurs de l’énergie et des soins de santé (2,5 %) et celui des télécommunications (2,3 %).

Les dangers d’un salaire minimum « trop élevé »

La semaine dernière, syndicats et groupes sociaux ont relancé leur campagne pour que le Québec hausse son salaire minimum à 15 $ de l’heure. Une augmentation qui pourrait faire plus de mal que de bien, selon un économiste de la Banque Nationale.

Si en théorie l’augmentation du salaire minimum est souhaitable, en pratique, « ce n’est pas la politique magique qu’on imagine pour réduire les inégalités », a expliqué à La Presse Matthieu Arseneau. Un salaire minimum « trop élevé » par rapport au salaire moyen pourrait par exemple faire grimper le taux de chômage chez les jeunes. Selon l’économiste, la barre des 50 % du revenu horaire moyen apparaît comme un seuil à ne pas dépasser.

Or, l’Ontario va faire passer son salaire minimum à 14 $ de l’heure le 1er janvier prochain, puis à 15 $ l’année suivante, ce qui portera le salaire minimum à 53 % puis à 55 % du salaire horaire moyen dans la province.

Selon la Banque TD, cette hausse majeure du salaire minimum pourrait entraîner la perte de 80 000 à 90 000 emplois en Ontario.

« Il ne faut pas oublier qu’il existe d’autres façons de redistribuer la richesse, dont la politique fiscale et les dépenses gouvernementales », soutient Matthieu Arseneau.

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