La santé livrée à domicile

Par Bruno Geoffroy | 20 août 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
4 minutes de lecture

Un peu d’hypertension et trop de cholestérol? Pour certains, c’est un aller simple pour l’hôpital et la médication. À 52 ans, Ghislain Prud’homme, l’entrepreneur derrière Agrigourmet, s’est plutôt offert une réflexion sur son alimentation, qui l’a mené à virer vers le cap santé.

Depuis trois ans, son entreprise cuisine toute une gamme de plats nutritifs, abordables et livrés à domicile.

Ghislain Prud’homme a œuvré dans le milieu communautaire pendant 12 ans, entre autres comme directeur d’hébergement aux Ressources jeunesse de Saint-Laurent et coordonnateur du service à la clientèle au Chic Resto Pop. En filigrane de son travail : l’alimentation et la cuisine. Toujours.

Deux choses le gênaient pourtant à l’époque : « l’offre alimentaire, bon marché, faisait peine à voir avec trop souvent des plats présentant du sel en excès, du gras et des sulfites. Recourir aux dons impliquait aussi de nourrir les gens avec des restants. »

Une idée germe alors comme un défi : il doit être possible de faire des repas santé peu chers et avec des produits frais. Pour le relever, l’entreprise Agrigourmet prend son envol en avril 2011.

Son mantra? « Tu es ce que tu manges », rappelle Ghislain Prud’homme. C’est dit.

LA QUALITÉ AVANT TOUT 

« On mise beaucoup sur la qualité du produit final, sur ce qu’il y a dedans », dit-il. Et, à ce jeu-là, M. Prud’homme est devenu expert. Ses fournisseurs de matières premières sont triés sur le volet : viandes sélectionnées des Cantons de l’Est (VSC), poulet de la Ferme des voltigeurs, saumon biologique du Nouveau-Brunswick et légumes achetés en personne au Marché central.

Fraîcheur des ingrédients et achat local guident les pas de l’entrepreneur : au moins 85 % de ses 220 ingrédients proviennent du Québec.

De quoi assurer une traçabilité à 100 % et maîtriser son processus de fabrication de A à Z. « C’est essentiel. Je sais exactement ce qu’il y a dans les plats que je vends. Aucun agent de conservation n’est utilisé. Une fois cuisiné, on conditionne en portions avant la mise sous vide et la congélation », explique Ghislain Prud’homme.

Se donner le temps de faire les choses correctement a un prix. Mais il est loin d’être exhorbitant. Au contraire, ses plats principaux se vendent entre 4,5 $ et 7,5 $ par portion et séduisent les papilles et le portefeuille de ses 425 clients.

Des personnes âgées ou à mobilité réduite, mais pas seulement : 25 % de ses clients sont des jeunes professionnels qui veulent manger santé ou n’ont pas le temps de cuisiner.

« Aujourd’hui, je produis une recette par jour et livre 300 repas par jour un peu partout à Montréal, à Laval ou sur la Rive-Sud. 300 clients en deux ans : c’était l’objectif de mon plan d’affaires. Contrat rempli », se réjouit, tout sourire, M. Prud’homme.

Cet excellent démarrage d’entreprise lui permet d’employer trois personnes à temps plein, dont une technicienne en diététique. Elle a mis sur pied un menu sans gluten et un autre sans lactose et promeut les saines habitudes alimentaires auprès d’une clientèle grandissante.

« Il y a du travail », confie le patron.

L’UTILITÉ DU CONSEILLER FINANCIER 

« À la mort de mon père, j’ai reçu de l’argent en héritage. Cela m’a permis de lancer mon entreprise avec 250 000 $ sans aucune aide financière. De toute façon, avec la limite d’âge de certains programmes de subvention, je ne pouvais obtenir l’appui du CLD, de la CDEC ou du SAJE. Quant aux banques, disons qu’elles financent trop peu le secteur alimentaire. Trop risqué, semble-t-il », confie Ghislain Prud’homme.

Aujourd’hui, il se rend compte qu’un conseiller financier lui aurait été utile.

« J’aurai dû le magasiner autant que mes équipements de cuisine. Il aurait pu me suggérer de garder une réserve d’argent suffisante pour acheter un bâtiment (en location aujourd’hui) pour mon entreprise ou me conseiller pour placer au mieux mon argent », explique-t-il.

L‘entreprise est rentable depuis trois ans. Désormais, le propriétaire envisage de développer son réseau de distribution.

« D’ici un an, il faudra se trouver des points de service sur la Rive-Nord et la Rive-Sud pour déjouer le trafic et diminuer les frais de carburant », précise-t-il.

Quant au développement de ses services, Ghislain Prud’homme a sa petite idée. Pourquoi ne pas faire la distribution de ses repas santé dans les entreprises? Une façon d’offrir une alternative au lunch des employés, à tous ces repas fast-food ou à ces plats de restaurant vendus trop cher. Prochainement dans un bureau près de chez vous !

• Le site web d’Agrigourmet

• Son Facebook et une vidéo de l’entreprise

Bruno Geoffroy