La « taxe pharmacie » dénoncée

Par Simeon Goldstein | 15 août 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La décision de couvrir les nouveaux actes accordés aux pharmaciens par l’assurance médicaments a suscité de nombreuses critiques.

Rappelons qu’à partir du 3 septembre, des pharmaciens pourront offrir sept nouveaux services, comme prescrire des médicaments ou ajuster une ordonnance. Or, ceux-ci ne seront pas couverts par la Régie de l’assurance maladie du Québec.

Certains ont donc dénoncé la « privatisation » du réseau de santé, car ce n’est que 40 % de la population québécoise qui est couverte par le régime public d’assurance médicaments.

Les Libéraux, qui ont fait adopter le projet de loi 41 en 2011, ont critiqué une nouvelle « taxe pharmacie » qui serait imposée au Québécois.

« Par son incapacité à négocier et à mener à bien ce projet, le Parti québécois créera deux catégories de patients, ce qui remet en question un principe fondamental de notre système de santé : l’universalité. Pour nous, c’est inacceptable. C’est ni plus ni moins qu’une privatisation du réseau de la santé qui est en train de se produire dans ce dossier », affirme Yves Bolduc, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé.

Même son de cloche du côté de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).

L’APTS, qui préconise un régime d’assurance médicaments public et universel, se dit d’accord avec l’objectif de libérer les médecins de certaines tâches, dans le but de désengorger les urgences, entre autres. Mais elle ajoute que l’objectif risque de se buter à la réalité du terrain.

« Nous nous expliquons mal comment un service qui était gratuit chez le médecin ne l’est plus chez le pharmacien, explique la première vice-présidente, Johanne McGurrin. La facture va encore être refilée à la population, que ce soit en payant directement de leur poche ou par une augmentation inévitable de leurs primes d’assurance. »

Tous ceux qui ont une assurance privée risquent de voir leurs primes augmenter encore plus, alors que les coûts liés à l’achat de médicaments ne cessent d’augmenter d’année en année, affirme-t-on dans un communiqué.

La Confédération des syndicats nationaux estime qu’il faut « rapidement clarifier les règles du jeu » et s’assurer que tout le monde est couvert.

« Les Québécoises et les Québécois ne doivent jamais payer de leurs propres poches pour des actes médicaux qui ont toujours été assumés par la RAMQ, peu importe qui offre le service », affirme le vice-président du CSN Jean Lacharité.

Réponse du ministre

Le ministre de la Santé, Réjean Hébert affirme être convaincu qu’il n’y a pas de raison de croire que les usagers devront bientôt payer de leur poche pour consulter un pharmacien.

« Je ne pense pas que les usagers auront à payer les honoraires de façon séparée », a soutenu le ministre.

Il soutient que dans son esprit il a toujours été clair que Québec négociait sur la base des ajustements à apporter uniquement pour les consultations des usagers couverts par le régime public d’assurance-médicaments, soit 40 % des Québécois.

« Pour nous, il n’a jamais été question d’étendre cette négociation-là au secteur privé », assure le ministre qui refuse de donner les estimations sur les coûts globaux des changements annoncés pour les contribuables.

Pour les 60 % de Québécois détenteurs d’une assurance-médicaments privée, il n’a jamais été question de s’immiscer dans la « relation d’affaires » entre pharmaciens et assureurs, dit-il.

Le ministre dit aussi qu’il se montrera vigilant devant la perspective que certains pharmaciens puissent vouloir se laisser tenter par la double facturation, en incluant leurs honoraires dans la facture du médicament, tout en faisant payer l’usager directement pour la consultation.

– Avec la Presse Canadienne.

Simeon Goldstein