Les défis des entrepreneures issues de la diversité

Par Sylvie Lemieux | 9 mars 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les femmes sont plus nombreuses qu’avant à fonder leur entreprise. Elles ont davantage de facilité à lever des fonds, elles créent des emplois, elles innovent en fournissant de nouvelles solutions. Même si l’entrepreneuriat féminin a le vent dans les voiles, des inégalités persistent toutefois.

Les femmes issues de la diversité ethnoculturelle ou membres de la communauté LGBTQ2+ doivent en effet redoubler d’efforts et faire encore plus preuve de ténacité et d’audace pour faire leur place. Il leur reste encore des barrières à lever, notamment pour accéder à du financement.

« Il y a encore de la discrimination à leur égard, déplore Martine Roy, directrice régionale, développement des affaires LGBTQ2+ au Groupe Banque TD. Un homme blanc qui est gai aura toujours plus de facilité à obtenir du financement. »

Le vent commence toutefois à tourner. Le mouvement Black Lives Matter et la mort de Joyce Echaquan ont été les déclencheurs d’une réflexion face au racisme, aux préjugés inconscients et à la disparité de traitement envers les différentes communautés.

« L’élan entrepreneurial des femmes se manifeste aussi chez celles qui sont issues de la diversité. Il ne faut surtout pas passer à côté d’elles », affirme Martine Roy qui, dans le cadre de son travail, accompagne et conseille ces entrepreneures.

Elle travaille aussi de très près avec l’équipe au développement des affaires de la communauté noire dirigée par Mo Belleus et celle des Femmes entrepreneures, menée par Déborah Cherenfant.

ÊTRE À L’ÉCOUTE

Selon Martine Roy, les financiers manquent parfois de compréhension envers les réalités de ces entrepreneures. « Elles ont une façon plus holistique de faire des affaires. Elles manquent aussi souvent de visibilité. On ne s’est pas toujours arrêté pour regarder ce qu’elles réussissent. Mon travail, c’est de les aider à être plus visibles », souligne-t-elle.

Pour cela, elle n’hésite pas à cogner à la porte de ces entreprises pour leur proposer de travailler avec elles. Parce qu’elles ont subi des refus lors de demandes de financement, ces entrepreneures en viennent parfois à hésiter à demander du soutien, ce qui peut ralentir le développement de leur entreprise.

À l’instar de bien d’autres dirigeants et dirigeantes, elles ont eu, elles aussi, de grands défis à relever pour continuer de faire rouler leur business depuis le début de la pandémie.

« Plusieurs ont su faire preuve d’innovation, ce qui nous a incités à les appuyer », rapporte Martine Roy.

Des exemples parmi tant d’autres : deux femmes queers, propriétaires de la Brasserie Harricana, à Montréal, qui produisaient déjà leurs propres bières. Lorsque les restaurants ont dû fermer temporairement leurs portes au début de la crise sanitaire, elles ont décidé d’accroître leur production et d’embouteiller la bière pour la vente. « Une opération qui a connu un bon succès et qui a permis de conserver des emplois. Nous les avons aidées à financer un agrandissement », précise Mme Roy.

Elle cite également les dirigeantes de L’Idéal, un bar à vin et contenus, au centre-ville de Montréal, qui s’est réinventé en un espace multifonctionnel. En plus de servir nourriture et vin nature, il est aussi un studio d’enregistrement, un lieu pour assister à des événements culturels ou des rencontres, etc.

« Pour aider ces entrepreneures à faire grandir leur entreprise, il faut différentes sources de financement. On travaille en collaboration avec d’autres institutions comme BDC pour leur procurer les fonds nécessaires à la croissance », précise Martine Roy.