Récession : les entrepreneurs se préparent

Par La rédaction | 19 octobre 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
3 minutes de lecture

Même s’ils restent optimistes quant à leurs perspectives de croissance à long terme, les entrepreneurs canadiens se préparent à faire face à une récession. Ils sont toutefois d’avis que celle-ci sera modérée et de courte durée.

C’est ce qui ressort d’une nouvelle enquête de KPMG auprès des propriétaires ou hauts dirigeants de 503 PME au Canada.

La majorité (92 %) des chefs de la direction s’attendent à un recul de l’économie. Chez les dirigeants de PME, seulement les deux tiers prévoient ce scénario.

Pour mieux faire face à cette récession potentielle et protéger leurs revenus, ils envisagent diverses solutions.

Chez les chefs de la direction, ils sont 41 % à avoir instauré un gel de l’embauche et près d’un sur deux (49 %) pensent réduire leurs effectifs au cours des six prochains mois.

Du côté des dirigeants de PME, ils sont trois sur dix (30 %) à imposer un gel de nouvelles embauches alors que quatre sur dix (41 %) jonglent avec l’idée de supprimer des postes.

« Bien que certains dirigeants puissent avoir la tentation d’appliquer une politique de réduction aveugle des dépenses pour surmonter la récession, ils le feraient à leurs propres risques, soutient Stephanie Terrill, associée et leader d’unité administrative, Services-conseils – Management chez KPMG au Canada. Ils espèrent que les clients et le talent seront toujours au rendez-vous au bout d’une récession qui pourrait bien ne jamais avoir lieu. »

METTRE UN FREIN AU VIRAGE NUMÉRIQUE

Ils sont aussi plusieurs chefs de la direction (37 %) à avoir mis sur pause leurs stratégies de transformation numérique (33 % envisagent de la faire à court terme). Chez les propriétaires de PME, seulement le quart ont déjà mis un frein à leur développement numérique, mais 35 % prévoient le faire au cours des six prochains mois.

Une décision qui pourrait être potentiellement coûteuse puisque la clientèle exige plus qu’avant des solutions numériques. Les entreprises risquent également de perdre ou de laisser passer des talents spécialisés déjà difficiles à trouver. Surtout que les employeurs sont nombreux (60 % des chefs de la direction et 56 % des dirigeants de PME) à dire être ralentis dans ce déploiement stratégique et opérationnel en raison du manque de compétences à l’interne.

Faute de ressources en nombre suffisant, les cas d’épuisement professionnel se multiplient au sein des équipes dédiées à la transformation numérique fortement sollicitées ces deux dernières années.

Selon Stephanie Terrill, les organisations devraient plutôt profiter de ce moment « non pas pour cesser leur transformation, mais pour stabiliser leurs capacités plutôt que poursuivre leur expansion. »

« Il leur faudra pour cela investir dans les équipes qui leur ont permis de progresser sur la voie du numérique jusqu’à aujourd’hui, ajoute-t-elle. Ces employés joueront en effet un rôle essentiel dans la réussite de leur entreprise lorsqu’elle aura à traverser la récession et cherchera à rapidement augmenter son effectif. Trouver des employés compétents sera tout aussi difficile; c’est pourquoi les entreprises doivent conserver leurs talents actuels et en prendre soin. »

OPTIMISTES MALGRÉ TOUT

La majorité (79 %) des chefs de la direction sont sûrs de surmonter ce repli de l’économie s’il se produit. Sur un horizon de trois ans, la quasi-totalité (96 %) des patrons prévoit une croissance de leur entreprise. Ils sont presque aussi nombreux (88 %) du côté des dirigeants de PME à afficher cette confiance.

Ils prévoient d’ailleurs des plans ambitieux d’embauche pour soutenir cette croissance prévoyant une augmentation de leurs effectifs variant entre 6 % et 11 %.

Parmi les autres faits saillants de l’étude, il est intéressant de noter que 74 % des PME estiment que le Canada doit accueillir davantage de talents étrangers pour répondre aux besoins de main-d’œuvre des entreprises et devenir un chef de file de l’innovation.

Même si le télétravail et la formule hybride ont eu des effets positifs sur la productivité selon 65 % des chefs de la direction canadiens, il y en a pourtant trois sur quatre qui prévoient le retour des employés à temps plein dans les bureaux dans trois ans. Seulement 23 % conserveront un horaire hybride et 3 % seront en télétravail à 100 %.

Paradoxalement, 74 % des dirigeants de PME estiment qu’un milieu de travail hybride améliore le moral, la fidélisation et la productivité des employés.