Les femmes entrepreneures n’ont pas peur du risque

Par La rédaction | 28 septembre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Un récent rapport de l’Université Carleton et de Gestion de Patrimoine BMO bat en brèche l’idée reçue voulant que les femmes entrepreneures soient moins téméraires que les hommes.

De fait, 72 % des femmes entrepreneures interrogées dans le cadre de l’étude se disaient très ou relativement à l’aise de prendre des décisions fondées sur les risques d’affaires, comparativement à 64 % pour leurs pairs masculins. De plus, les deux genres n’approchent pas le risque de la même manière. Les chercheurs de l’Université Carleton ont noté que les femmes axent leur gestion des risques sur les intérêts de leur entreprise, tandis que les hommes considèrent la prise de risques comme un moyen d’assurer leur sécurité financière. Autrement dit, pour eux, le risque est un moyen de créer des débouchés. Cela dit, ni les hommes ni les femmes ne sont des casse-cou, contrairement à l’image souvent véhiculée des entrepreneurs. En effet, 64 % des hommes et 57 % des femmes sont d’avis que le risque doit être savamment mesuré, calculé et géré.

PAS SI DIFFÉRENTS

L’étude dirigée par des chercheurs de l’Université Carleton en collaboration avec l’agence The Beacon repose sur des entrevues auprès de 100 entrepreneurs hommes et femmes. À la suite de cette première étude, BMO Gestion de patrimoine a entrepris une enquête auprès de 803 entrepreneurs en utilisant certains des indicateurs de la première recherche.

Les résultats démontrent que, malgré certaines différences, les hommes et les femmes entrepreneurs partagent plusieurs points communs. Ainsi, lorsque questionnés sur la principale raison ayant motivé leur décision de devenir propriétaire d’entreprise, les hommes et les femmes invoquent sensiblement les mêmes motivations, dans les mêmes proportions. L’envie d’une plus grande liberté et de plus de flexibilité (37 % chez les hommes et les femmes) et la volonté de satisfaire une passion (25 % chez les hommes et 23 % chez les femmes) sont les deux motivations les plus fréquentes.

En observant les résultats, les analystes de BMO Gestion de patrimoine ont constaté que les entrepreneurs motivés par l’intérêt, la confiance et le désir d’indépendance sont plus susceptibles de prendre des décisions liées au risque que ceux qui démarrent une entreprise parce qu’ils ont besoin d’un revenu. Ce qui leur fait dire que la motivation serait peut-être plus déterminante que le genre pour prédire l’aversion au risque.

MAIS PAS IDENTIQUES NON PLUS

Là où les femmes et les hommes se distinguent, c’est dans le type d’entreprise créée. Les femmes ont tendance à se lancer dans le secteur des services, alors que les hommes sont davantage attirés par les secteurs orientés vers l’exportation, comme l’industrie du savoir ou la fabrication. Les femmes auraient aussi tendance à axer leurs efforts sur l’établissement de relations à long terme et la croissance progressive, alors que les hommes visent une croissance rapide en vue d’une revente.

Autre différence, les hommes sont légèrement plus nombreux à mesurer leur réussite en termes de gains financiers, alors que les femmes jugent aussi importante leur capacité à veiller à des intérêts et à remplir des obligations, notamment familiales, qui ne sont pas liées au travail.

Les femmes déplorent, par ailleurs, l’attitude des banques à l’égard de leurs entreprises, qui serait un obstacle au démarrage et à la croissance. Plusieurs ont indiqué que les institutions financières n’arrivent pas à comprendre l’approche axée sur les relations que les femmes privilégient. Les caisses et les banques se soucient surtout de la sécurité de leurs prêts et des revenus qu’elles prévoient en tirer. La crainte d’un refus serait la principale raison pour laquelle les femmes cherchent à autofinancer leur entreprise plutôt que d’avoir recours à un prêt. D’ailleurs, BMO admet dans l’étude que les principes de crédit classiques accordent de l’importance à la croissance, à la vente et au réinvestissement rapides, privilégiés par les hommes, au détriment de la pérennité, qui a la faveur des femmes.

Les institutions financières auraient tort de se déconnecter des femmes entrepreneures, puisque le nombre de femmes travaillant à leur compte et possédant une entreprise constituée en société a augmenté de 15 % depuis 2007, selon BMO.

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