Les médicaments de spécialité menacent les régimes d’assurance

Par La rédaction | 11 mai 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les dépenses en médicaments de spécialité devraient doubler d’ici 2020 au Canada pour atteindre près de 5,6 milliards de dollars. Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour les régimes d’assurance.

C’est le constat d’une analyse effectuée par Express Scripts Canada à partir de demandes de règlement pour médicaments provenant de millions de Canadiens.

Les médicaments de spécialité, ceux utilisés pour le traitement de maladies chroniques ou complexes, représentent une « sérieuse menace » pour les employeurs offrant un régime d’assurance médicaments, souligne la firme, qui se spécialise dans la gestion de régimes de soins de santé.

D’ici 2020, ils représenteront 42 % des dépenses totales en médicaments d’ordonnance, par rapport à 30 % en 2015.

Les nouveaux traitements approuvés coûtent des centaines de milliers de dollars par patient. Par ailleurs, près de 7 000 médicaments sont en développement, et ce sont pour la plupart des médicaments de spécialité.

Les régimes d’assurance médicaments privés apportent une « valeur inestimable » aux employeurs et facilitent grandement l’accès aux traitements, affirme Michael Biskey, président d’Express Scripts Canada.

« Cependant, si les promoteurs de régimes ne prennent pas de mesures immédiates, ces régimes deviendront rapidement inabordables, dit-il. Le fardeau et le risque financier associés aux médicaments devront être transférés en partie aux employés. Si cela se produisait, il pourrait y avoir de graves conséquences sur la santé et sur le bien-être des Canadiens. »

De plus en plus, les médicaments administrés auparavant en milieu hospitalier sont remplacés par de nouveaux médicaments que les patients peuvent administrer eux-mêmes, constate Express Scripts Canada. Cette situation a pour effet de transférer le fardeau financier des régimes publics vers les régimes privés.

ARGENT GASPILLÉ

Pour chaque 3 $ consacrés à l’assurance médicaments, près de 1 $ est gaspillé en raison des mauvaises décisions prises par des patients mal informés, les dépenses n’ayant pas permis d’améliorer leur santé.

Lorsque les Canadiens n’obtiennent pas le bon médicament au moment opportun, ils choisissent des médicaments coûteux même s’il existe des options de traitement moins chères qui procurent des avantages similaires, selon Express Scripts Canada.

Trop de patients ont également de la difficulté à suivre les directives de leur médecin, ce qui a un impact négatif sur leur santé tout en alourdissant le fardeau financier des promoteurs de régimes.

LES EMPLOYEURS INQUIETS

« Il n’y a pas de sentiment de panique chez les employeurs, mais lorsque les réclamations frappent leur entreprise, ils peuvent se sentir un peu abandonnés par les assureurs, soutient Dave Patriarche, fondateur de Mainstay Insurance, basé à Toronto. Beaucoup préféreraient le modèle de tarification stable d’un régime totalement assuré, en sachant qu’advenant une réclamation majeure, les taux demeureraient soutenables. »

La hausse des coûts des médicaments est néanmoins un enjeu que les assureurs surveillent de près, explique Stephen Frank, vice-président, élaboration des politiques et maladie à l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP).

Ceux-ci investissent notamment dans des politiques de substitution par des médicaments génériques, le développement de réseaux de fournisseurs privilégiés et l’élaboration de thérapies par étapes, qui débutent par des médicaments moins onéreux et qui se poursuivent avec des médicaments de spécialité uniquement si cela s’avère nécessaire. L’arrivée des médicaments biosimilaires aura également un important rôle à jouer dans le contrôle des coûts.

Stephen Frank ajoute toutefois que le Canada demeure l’une des juridictions où les coûts des médicaments sont les plus élevés au monde et que « davantage d’efforts doivent être consentis » pour régler ce problème.

« Du point de vue des assureurs, nous pensons qu’il y a de nombreux avantages pour tous les payeurs, publics comme privés, à travailler en collaboration afin de négocier des prix plus bas », soutient-il.

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